Plier son journal, le poser, le reprendre et le lire. Un plaisir sans cesse renouvelé, dans l’ordre et le désordre. Mais dépassé ? C’est ce que tenterait de nous suggérer l’actualité noire de ces dernières semaines sur la santé de la presse écrite, locale en particulier. La liste était longue des titres en difficulté, elle s’étire encore. Charlie Hebdo, Le Monde diplomatique, Siné Mensuel ont tous fait appel aux dons pour leur survie. Dans notre Région, le mensuel César a annoncé tirer le rideau. Le Ravi n’a pas pu repousser la date du dépôt de bilan et La Marseillaise vient à peine de voir son plan de redressement judiciaire adopté par le Tribunal de commerce de Marseille, signifiant qu’elle pourra continuer à être publiée quotidiennement. Une association, Presse et pluralisme, a été créée pour recueillir les aides et ainsi faire bénéficier de la réduction d’impôts sur le revenu de 66 % chère au Sarkothon de l’UMP et au contribuable.
Acheter son journal n’est plus un réflexe. C’était déjà nécessaire de l’adopter. Puis Internet et nos écrans personnels sont venus corrompre l’idée que l’information précieuse devait se payer. Que ce soit d’une pièce, par la vue d’une publicité ou au moyen d’aides publiques, c’est toujours le cas. Les aides publiques à la presse soutiennent déjà nombre de titres. Le système est dénoncé par la Cour des comptes comme coûteux, inefficace et inadapté, profitant aux programmes télés au détriment du journalisme. Il compte d’ailleurs dans ses rangs des bénéficiaires qui noircissent leurs pages d’harangues à la suppression des interventions de l’Etat dans une économie libéralisée. Aucun ne viendra pourtant relayer le rapport de septembre 2013. Ils ne craignent pas la faim. Quand les gros maigrissent, les maigres meurent. Et bizarrement, ces derniers sont plutôt de gauche. La révolution ne sera pas télévisée, dit le poète. Elle sera écrite.
Victor Léo