Printemps du film engagé
Rage et courage
Début mars, le Gyptis, la Salle de l’Œuvre, le Mucem, les Variétés, le Vidéodrome 2 et l’Agora des Galériens accueillent l’édition 2017 du Printemps du Film Engagé, proposant projections, discussions, débats autour de nombreux thèmes sociétaux, avec une programmation pertinente de films enragés.
Le cinéma en a toujours été le témoin, dès ses balbutiements : la caméra est une arme d’information massive, à même de nous offrir une vision des luttes partialement assumée, en réponse au robinet d’eau tiède qui coule mollement de nos médias dominants, édulcorant nos esprits. Le cinéma montre ce que la télévision nous dissimule, y associant l’écriture, le verbe, le ton. Au sein des salles de cinéma, nos écrans, depuis quelques années, se font le reflet de ces films engagés, enragés pour la plupart, qui remettent l’action citoyenne au cœur des problématiques collectives. Dont acte : du 3 au 10 mars, le Printemps du Film Engagé, porté par le Repaire d’Aubagne, investira de nombreux lieux de la cité phocéenne, afin de « proposer une semaine de projections, de discussions et de débats avec des réalisateurs, des intellectuels et des acteurs du mouvement social et des travailleurs. » Car le succès inattendu — et « césarisé » — du Merci patron ! de François Ruffin cache une forêt de films plus sémillants encore, plus urgents, plus bruts, dont le Printemps du Film Engagé se fait aujourd’hui le reflet. À commencer par le très beau 3000 nuits de Mai Masri — superbe portrait de femmes dans l’univers carcéral israélien —, qui sera suivi d’un débat au Gyptis. La dynamique salle de la Belle de Mai accueillera également les projections de La Place publique de Natacha Samuel (tourné pendant le printemps social à Marseille), en sa présence, et de La Cigale, le corbeau et les poulets, savoureux récit d’Olivier Azam sur une erreur judiciaire démesurée. La Salle de l’Œuvre, le Mucem et le Vidéodrome 2, entre autres, se joignent également aux festivités, avec les séances de l’excellent Poison d’avril de William Karel, consacré aux élections présidentielles de 2002, que l’on espère ne pas revivre dans quelques mois, Maso et Miso vont en bateau, ou le grandiose Octobre — en 35mm, s’il vous plait — de Sergueï Eisenstein. Par ailleurs, l’équipe des Variétés, que l’on continue indéfectiblement de soutenir pour cette reprise de main de maître, présentera le 10 mars Irrintzina, un film de Sandra Blondel et Pascal Hennequin. Enfin, de nombreuses projections seront accompagnées de films courts du collectif Primitivi, dont le travail en matière de ciné-tracts et autres salves audiovisuelles reste incontournable et vivifiant, depuis déjà de nombreuses années.
Emmanuel Vigne
Printemps du film engagé : du 3 au 11/03 à Marseille.
Rens. : 06 63 57 07 72 / www.facebook.com/printempsdufilmengage
Le programme complet du Printemps du film engagé ici