Purge de François-Michel Pesenti © Jean Barak

Purge de François-Michel Pesenti par le Théâtre du Point Aveugle au Théâtre des Bernardines

Six personnages en quête d’hauteur

 

Créé l’an dernier à la Friche, A sec devait être le dernier spectacle de François-Michel Pesenti. L’urgence semble avoir rattrapé l’artiste, pressé de « mettre en scène des corps qui ont déjà leur histoire » et dont il se fait le maître d’un jeu bien étrange.

 

Le plateau, nu. Les lumières, crues. Le noir, pur. Parfois, les sons d’une sonate de Morton Feldman interviennent, comme dans Le Mépris de Jean-Luc Godard.
Un curieux charabia s’échappe de la bouche d’une comédienne ­­— belle, blonde. Les comédiens entrent et sortent, de tous âges, de tous sexes, de tous corps. Seul un homme reste, face au public : le Projecteur, comme un coryphée silencieux. Il est peut-être le chef d’orchestre de ces corps qui entrent. Ici, point de personnages. Des tentatives, des essais jamais achevés, a priori sans queue ni tête. Ce dispositif permet d’observer ce que veut montrer François-Michel Pesenti : les relations pour elles-mêmes.
Des textes, oui, un peu, pris de-ci de-là dans ceux de Suzanne Joubert, dont l’écriture simple et profonde permet de s’ancrer, de respirer, de créer du sens.
Deux femmes (Karine Porciero et Peggy Péneau) et quatre hommes (Laurent de Richemond, Frédéric Poinceau, Maxime Reverchon et Pesenti lui-même) entrent, se déchaussent, se portent, appellent l’épervier (sic), travaillent leur corps et leurs déplacements sous les indications de l’homme derrière le pupitre. Vu comme ça, on se dit qu’il n’y a pas grand-chose à voir. Mais c’est peut-être tout l’inverse… Alors, on scrute, on ne s’attend à rien, on cherche à comprendre, puis on abandonne. On se remet à chercher avec les acteurs qui eux, tentent de répondre aux injonctions. On guette. Va-t-il vraiment se passer quelque chose ? Face à ces acteurs, au sens le plus noble de ce métier, le spectateur s’implique et ne lâche pas prise.
Plus réflexive que la précédente pièce de Pesenti, Purge met à nu les méandres de la création théâtrale, par l’exposition pure et simple du jeu, ici au centre de l’œuvre.

Joanna Selvidès

 

Purge de François-Michel Pesenti par le Théâtre du Point Aveugle :  les 16 et 17/10 au Théâtre des Bernardines (17 boulevard Garibaldi, 1er).
Rens. 04 91 24 30 40 / www.theatre-bernardines.org