Putaindebordeldemerde présenté le 14/01 à Montévidéo
Noircestnoir
Avec putaindebordeldemerde, Simon Siegmann et Jean-Michel Espitallier ont livré une évocation sarcastique de l’hygiène sociale, dotée d’un humour noir. Très noir.
Dans une boîte noire, deux silhouettes assises vont psalmodier un texte composé d’insultes et d’énumérations indigestes. Tout en noir, cachés, ils répètent en chœur un « credo » sur le trou, motif récurrent de l’écriture contemporaine, ici proclamé comme destructeur et constructeur tout à la fois. La pièce va crescendo. Il y va de la recherche du sens, de l’écœurement de soi. Un ras-le-bol, un trop-plein de désillusions, un nihilisme affiché, mais dont la noirceur affichée devient tendre à force de litanies et dont l’humour grinçant d’autodérision rend bienveillant le public venu nombreux et curieux. La bande-son, très présente, donne à la lecture des allures de pièce radiophonique, d’autant qu’on se retrouve presque dans les conditions d’une écoute nocturne. Les sons des grillons, qui pouvaient évoquer la douceur d’une nuit, deviennent presque assourdissants. L’impossible saisie des détails physiques des deux hommes en présence fait davantage référence aux chemises noires du fascisme qu’au militantisme anarchiste, dans un début de siècle qui s’empeste des bubons de la bienséance. La colère intérieure évolue alors vers le sarcasme, qui ne vise plus rien ni personne, mais qui voudrait presque retourner l’arme contre son propre ventre. Gageons que cette proposition actuellement en création atteindra au fil de ses pérégrinations l’audace impertinente que nous attendons, et dont la violence sensible s’avère décidément humaine.
Texte : Joanna Selvidès
Photo : Mathias Nouel
Putaindebordeldemerde était présenté le 14/01 à Montévidéo