On aurait beaucoup à dire sur la rhétorique militariste employée par Emmanuel Macron lors de sa dernière « conférence de presse », ainsi que sur son terrible emprunt à l’extrême droite, le slogan rance « Pour que la France reste la France » (que certains de son camp, en d’autres temps certes, n’avaient pas manqué de fustiger). Mais parmi tous les « réarmements » appelés de ses vœux par le président de la République, il en est un — asséné à plusieurs reprises lors de son discours à l’Élysée, tel un mantra — qui a peut-être de quoi nous préoccuper plus que les autres : le « réarmement démographique ». En deux mots seulement, cet édifiant attelage entre lexique guerrier et politique nataliste symbolise la dérive autoritaire du chef de l’État, qui s’érige en petit père du peuple contrôlant tout, jusqu’à la reproduction de sa population — et, par ricochet, le corps des femmes. La formule ultra-conservatrice, sans effet et d’un autre temps, réduit les femmes à une fonction procréatrice et nie tout simplement le rôle de l’immigration dans le renouvellement de la population. Sans pour autant répondre à une supposée crise démographique : les médias traditionnels ont beau avoir poussé des cris d’orfraie en annonçant que les Françaises faisaient moins d’enfants qu’avant, « il n’y a aucune urgence démographique à l’heure actuelle », affirme Hervé Le Bras, directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) et chercheur émérite à l’Institut National d’Études Démographiques (INED), interrogé par le magazine Géo.
Ainsi, après avoir affirmé que Gérard Depardieu, accusé d’agression sexuelle et de viol par quinze femmes, faisait « la fierté de la France », Emmanuel Macron renouvelle une fois encore la violence symbolique à l’égard des femmes et poursuit sa politique de régression politique et sociale. Jusqu’à ce que la France redevienne la France (de Pétain) ?
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