Rebelles au cinéma à la Cité du Livre
Rebelles en cellulose
Il existe un point commun à Zéro de conduite, Viva Zapata, Bonnie and Clyde et L’équipée sauvage : leurs héros, tous et toutes rebelles face à la société et aux codes. Une thématique dont s’empare l’Institut de l’Image, sous l’impulsion des très actifs Cinémas du sud.
Si, selon l’adage, l’on n’écrit pas de bonne littérature avec de bons sentiments, il en est de même dans le champ cinématographique. Et s’il est un personnage clé, complexe et symbolique, qui transgresse les codes de l’ordre et de la bienséance, il s’agit particulièrement du héros rebelle, largement décliné en un siècle de création. L’Institut de l’Image s’ancre dans l’événement régional proposé par Cinémas du Sud pour nous proposer un portrait kaléidoscopique du rebelle à l’écran, à travers une dizaine d’œuvres, plaçant l’accent sur la filmographique de l’américain Larry Clark. Mettre en scène ce héros moderne requiert cependant quelques précautions, pour que le résultat ne finisse en pétard mouillé du plus ridicule effet. Le discours et la méthode doivent se répondre de concert. Ce que dit le personnage, et comment il le dit, compte autant que ses actes, le but étant de le distinguer très nettement de ses pairs. Il existe de nombreuses facettes du rebelle : bad boy, engagé politique, criminel révolté, justicier hors-la-loi ou simple marginal. Mais dans tous les cas, il est essentiel d’ancrer son film dans une réalité sociale et politique tangible, qui permettra au public de s’identifier. Le héros rebelle permet de dénoncer les travers d’une société déclinante et souvent injuste, d’en saisir les dysfonctionnements. Le succès de James Dean dans les années 50 n’est pas anodin. Comme on le (re)découvrira dans , au-delà de sa gueule d’ange, il synthétise les angoisses, les doutes et les aspirations de toute une jeunesse d’après-guerre, qui ne se reconnaît plus dans les codes d’une société murée. Ce fut également le cas en France, dans le cinéma de la Nouvelle vague qui, « », mit en scène une pléiade de losers magnifiques, criminels exaltés, à l’instar du de Godard. Malgré une thématique, donc, particulièrement riche, la programmation de l’Institut de l’Image pèche tout de même par manque d’originalité. Aussi sympathique soit-elle, elle survole largement son sujet et omet une poignée d’œuvres majeures en termes de héros rebelles, privilégiant des films bien moins essentiels (comme le de Philippe Faucon), voire presque hors sujets. Reste Larry Clark. Un cinéaste malin, qui a su pénétrer l’univers de l’adolescence, vivier idéal de rebelles de tous poils, des new-yorkais aux skaters de la côte ouest. Malgré un regard souvent complaisant, le réalisateur a indéniablement, en une poignée de films, touché du doigt le décalage social et les revendications de la plupart de ses personnages. Cette thématique sera cependant enrichie par les interventions de diverses personnalités issues de la Cinémathèque Française, partenaire de la manifestation. L’occasion ainsi de développer largement une thématique passionnante, alimentée tout au long de l’histoire par l’évolution des sociétés.
Emmanuel Vigne
Rebelles au cinéma : du 9 au 22/03 à la Cité du Livre (8/10 rue des Allumettes, Aix-en-P ).
Rens. 04 42 26 81 82 / http://www.institut-image.org