Reflets – Des films d’aujourd’hui pour penser demain

Pièces d’identités

Le très dynamique festival Reflets propose à Marseille la neuvième édition de ses rencontres cinématographiques à thématiques lesbiennes, gays, bi et trans, investissant plusieurs lieux de la ville, transformés pour l’occasion en espaces d’échanges, de débats et de plaisir cinéphiliques.

Dans un contexte social et moral quelque peu tendu, où l’idée de rejet — de l’autre, de la différence — se retrouve curieusement légitimée par une part de la société du spectacle, tout autant que par l’opinion publique, le type d’événement auquel nous convient pour la neuvième année Michèle Philibert et son équipe joue ici un rôle salvateur. Il faut dire que l’appétit de la charismatique directrice — et programmatrice — est sans limite, offrant une fois encore une édition riche en surprises, en films, en débats d’idées et en rencontres. Après un mois d’avril à la Friche, le festival entre à présent dans la substantifique moelle du sujet, avec une série de séances au Variétés, réunissant des œuvres dont le fil rouge reste la quête intergénérationnelle de son identité, l’épanouissement dans une sexualité assumée, malgré la pression sociale parfois insoutenable. Courts et moyens métrages, dont L’instant suspendu de Cristina Dias en première mondiale lors de la soirée d’ouverture, feront écho à la dizaine de longs proposés. Que toutes celles et ceux qui ont (est-ce possible ?) échappé au sublime La bocca del lupo de Pietro Marcello se rassurent, l’équipe de Reflets en propose une séance de rattrapage incontournable, l’occasion de (re)découvrir l’histoire d’Enzo, ancien taulard félin, déambulant dans les étroites rues génoises, et vivant en couple avec son ancienne co-détenue, trans toxicomane. Un cinéma italien contemporain décidément à l’honneur, avec également Viola di mare, inédit à Marseille, adaptation d’un roman transalpin qui campe deux femmes amoureuses luttant contre le scandale à l’extrême sud du pays. Michèle Philibert a par ailleurs confié à Jean-Pierre Rehm, incontournable Délégué Général du FID, la présentation et la sélection du poignant 108 – Cuchillo de Palo, déjà évoqué dans ces colonnes, témoignage bouleversant de la répression anti-homosexuelle sévissant dans le Paraguay de Stroessner. Une programmation éclatée aux quatre coins du globe, qui viendra compléter une édition enrichie d’expositions et de soirées musicales endiablées !

Emmanuel Vigne

Reflets – Des films d’aujourd’hui pour penser demain : du 4 au 8/05 au Variétés (37 rue Vincent Scotto, 1er), le 20/06 à l’Alhambra (2 rue du Cinéma, 16e) et le 30/06 au Palais Longchamp (1 boulevard Philippon, 4e). Rens. 04 91 64 75 87 / www.festival-reflets.org