Regards croisés sur le cinéma européen
Les dérives du continent
L’association Cinépage offre à cette rentrée l’un des premiers événements cinématographiques majeurs, Regards croisés sur le cinéma européen, qui nous permettra de (re)découvrir, de septembre à décembre 2013, une vingtaine d’œuvres incontournables.
Au sein de la structure phocéenne Cinépage, particulièrement discrète mais non moins active, une quarantaine de passionnés s’accordent à transmettre depuis 1997 leur passion du cinéma, au moyen de publications, ateliers, projections ou autres formations. Un palier vient sans nul doute d’être franchi par l’association en cette rentrée 2013, avec l’événement Regards croisés sur le cinéma européen, dont on ne peut nier la qualité de programmation, certes classique, mais offrant un beau tour d’horizon cinématographique. Proposer en une vingtaine de films un panorama de la création européenne : l’exercice peut s’avérer maladroit. Or, l’équipe de Cinépage évite les nombreux pièges, en l’occurrence grâce à un quasi sans fautes en matière de choix des films. Quatre thématiques regroupant chacune cinq œuvres majeures seront ainsi proposées durant les quatre derniers mois de l’année, dans de nombreux lieux de projections de la cité. Au sein de quatre thématiques, les plus grandes pages de l’histoire cinématographique sont égrenées au fil des films. La première sélection, « Mythes et légendes », est un exemple de cette excellence : cinq chefs d’œuvre — des deux versions de Faust (Murnau et Sokurov) à l’Orphée de Cocteau, en passant par le Vampyr de Dreyer — viennent nous rappeler la forte identité mythologique du continent européen. La thématique « Amour libre » est peut-être le talon d’Achille de cette programmation, avec cinq films certes importants (à commencer par le Stella de Cacoyannis ou le Prima della rivoluzione de Bertolucci), mais manquant d’une certaine fougue qui aurait pu mieux seoir au sujet. Les sélections « Dictatures du XXe siècle » et « Révoltes » nous permettront quant à elles de revisiter de véritables joyaux tels que L’Esprit de la ruche de Victor Erice ou L’Après-midi d’un tortionnaire du cinéaste roumain Lucian Pintilie, artiste trop peu reconnu, que l’équipe de Cinépage a eu ici l’excellente idée d’inviter, aux côtés d’une poignée de critiques, dont Michel Ciment et Xavier Leherpeur. Enfin, précisons la venue, au Polygone Etoilé, de la réalisatrice portugaise Susana de Sousa Dias, pour 48, opus primé en 2010 au Cinéma du Réel.
Emmanuel Vigne