Rencontres Internationales des Cinémas arabes
Nouvelles vagues
Face à une production cinématographique internationale — et l’on songe à la création occidentale — peu encline à réinventer les langages de l’image en mouvement, les cinématographies du Maghreb et du Moyen-Orient proposées lors de la nouvelle édition des Rencontres Internationales des Cinémas Arabes d’Aflam continuent d’enthousiasmer sans réserves.
Nous avons eu maintes fois l’occasion de le rappeler dans ces colonnes : les cinématographies du Maghreb et du Moyen-Orient font partie, à l’échelle internationale, des plus sémillantes, des plus créatives, des plus vibrantes qui soient. À cela, plusieurs raisons. Le cinéma se fait d’une part le reflet des événements qui secouent le monde arabe depuis de nombreuses années. D’autre part, dans une approche de l’urgence et de la fulgurance, les modes de productions, souvent difficiles, conduisent les cinéastes à développer une réelle imagination et une réinvention des formes et des langages. Enfin, les réflexions développées au fil des œuvres, sur un monde arabe d’hier et d’aujourd’hui, toujours en lien avec une planète en mutation, transcendent l’écriture filmique et développent une intelligence des regards qui fait souvent défaut à d’autres cinématographies bien plus fainéantes tant sur la forme que sur le fond. Par chance, la cité phocéenne possède l’un des festivals les plus enthousiasmants, dont la programmation nous émerveille chaque année par les découvertes qu’elle nous offre. Il s’agit bien sûr des RICA, Rencontres Internationales des Cinémas Arabes, organisées par l’équipe d’Aflam. Au programme, près d’une cinquantaine de films, en provenance du Liban, d’Égypte, du Maroc ou de Palestine, et une pléiade de découvertes pour tous cinéphiles curieux. Citons parmi d’autres Wajib d’Annemarie Jacir, L’Insulte de Ziad Doueiri, 300 Miles d’Orwa Al Mokdad, Un Certain Nasser d’Antoine Waked et Badih Massaad ou Au Balcon de Titi de Yasmina Benari. À l’instar des années précédentes, un cinéaste est derechef mis à l’honneur de cette nouvelle édition : il s’agit d’Ahmed Bouanani, artiste protéiforme qui réalisa, de 1966 à 1991, près d’une dizaine de documentaires et de fictions, dont l’équipe d’Aflam propose ici un juste panorama, avec la diffusion de Six et douze, Le Mirage ou Les Quatre Sources. Par ailleurs, la manifestation consacre également une partie de sa programmation à un pays dont la cinématographie peut faire écho à la production des pays arabes. Dont acte cette année avec la création contemporaine grecque, et les passionnants opus que sont L’Académie de Platon de Filippos Tsitos, 8e Continent et Casus Belli de Yorgos Zois. À cette incontournable programmation viendront se rajouter la carte blanche aux Rencontres Internationales Paris/Berlin, ou le focus sur les web séries développées dans les pays du Maghreb, présentées au Videodrome 2.
Emmanuel Vigne
Rencontres Internationales des Cinémas arabes : du 21 au 26/11 à Marseille.
Rens. : www.lesrencontresdaflam.fr
Le programme complet des Rencontres Internationales des Cinémas arabes ici