Rentrée sur les planches
D’actes en épisodes
Petit tour d’horizon d’une saison « riche en correspondances », qui s’ouvre avec deux nouvelles salles et mise beaucoup sur la création locale.
Commençons par les incontournables du théâtre : les anciens et les classiques. La compagnie marseillaise de Philippe Car, l’Agence de voyages imaginaires, a exploré le mythe d’Antigone au Burkina Faso, avec pour guide Jean Anouilh. Résultat de leur expédition, le spectacle Sur le chemin d’Antigone, sera présenté à Port de Bouc au Théâtre Le Sémaphore (le 25/11).
Poursuivons par les maîtres classiques, Molière et Shakespeare. Le premier, en Malade imaginaire, prendra d’assaut les scènes de notre région. On citera celle du Gyptis (du 13 au 17/12), qui accueillera la production de la compagnie marseillaise Vol Plané. Pour ses metteurs en scène, Alexis Moati et Pierre Laneyrie, il s’agira de libérer Le Malade imaginaire de sa part maudite — celle de la mort de son auteur — pour lui « rendre (…) son insolence. » Hamlet, tout aussi maudit et insolent, ne manquera pas son habituel rendez-vous de saison. A la Criée (du 19 au 22/10), ce sera avec le metteur en scène Daniel Mesguich, pour qui « il faudrait remonter la pièce de Shakespeare tous les dix ans. » Le plus joyeux Songe d’une nuit d’été ouvrira la saison classique de l’Espace NoVa à Velaux (le 10/11), enfin sorti de terre après deux ans de travaux. La compagnie avignonnaise du Kronope donnera à cette féerie toute son ampleur en usant du jeu masqué, du mime, du chant ou encore du cirque.
Du côté des modernes et des contemporains, on attend impatiemment deux créations. Le tout nouveau Théâtre Liberté à Toulon (voir ci-dessus) ouvrira ses portes sur L’Art de la comédie d’Eduardo De Filippo, mis en scène par son co-directeur, Philippe Berling (du 29/09 au 02/10). A la Criée (du 3 au 9/11) puis aux Salins (le 22/11), Sélim Alik présentera Dans la compagnie des hommes d’Edward Bond. A Miramas (Théâtre La Colonne, le 16/11), puis à La Ciotat (Théâtre du Golfe, le 18/11), le Tara Théâtre nous donnera quant à lui l’occasion de découvrir en marionnettes une nouvelle peu connue de Jack London, Le Renégat. A l’Espace NoVa, un spectacle « made in Provence », Jules et Marcel, proposera avec panache une adaptation de la correspondance de Raimu (Michel Galabru) et Pagnol (Philippe Caubère) (le 22/10). Celle qu’entretinrent Antonin Artaud et Jean-Louis Barrault sera sur la scène de la Minoterie (du 4 au 5/11). Si on a le goût du cinéma et de la critique virtuose, on pourra se rendre à la Criée où le festival actOral (voir p. 4) programme notamment La Loi du marcheur (du 4 au 8/10), adaptée des entretiens du philosophe Régis Debray avec Serge Daney des Cahiers du Cinéma et de Libé. On y retrouvera, entre autres, Nicolas Bouchaud, l’excellent interprète du Noli me Tangere de Sivadier qu’on a pu voir la saison passée à la Criée. Le rendez-vous suivant sera aux Salins où François Morel présentera des Instants critiques (les 16 et 17/12) puisés dans l’émission culte de France Inter Le Masque et la Plume. Les jeunes auditeurs pourront ainsi découvrir la grande époque des joutes oratoires entre les critiques ciné Jean-Louis Bory et Georges Charensol.
Pour s’aérer l’esprit des discussions serrées grâce au langage corporel, on aura l’embarras du choix avec le Festival Dansem (du 20/10 au 9/12), qui présentera pas moins de vingt-six propositions sur Marseille, Aix et Arles. Sans oublier le Ballet Preljocaj, déjà en jambes avec son Groupe Urbain d’Intervention Dansée (GUID) à Venelles (le 17/09), Saint-Cannat (le 17/09), Aix (le 18/09), et avec la répétition publique de sa dernière création, Suivront mille ans de calme au Pavillon noir (le 20/09).
On pourra aussi profiter d’une saison qui met le cirque dans tous ses états. L’Espace NoVa offrira ainsi Mana à ses premiers spectateurs, une production qui s’apparente au Cirque du Soleil façon Las Vegas (24/09). Plus sobre et plus intriguant, Psy sera au Merlan pour défier les déséquilibres psychiques par les déséquilibres physiques (du 19 au 23/10).
Avec Influences, le Merlan s’emploiera encore à éveiller notre curiosité. Thierry Collet, acteur et conseiller scénique en effets magiques, abordera ici l’inquiétante étrangeté de la prestidigitation comme manipulation mentale (les 9 et 10/11). Revenant du Festival mondial des théâtres de marionnettes, la compagnie AzHar, établie à Châteaurenard, nous jouera des tours à sa façon. A Grans (Espace Robert Hossein, le 23/11) puis à Aubagne (Théâtre Comœdia, le 15/12), elle reprendra les représentations de Magic Dust, un succès du Off d’Avignon mêlant étonnamment images numériques et marionnettes grandeur nature. Le Théâtre de Lenche et la compagnie avignonnaise Le Temps de dire nous proposeront une autre curiosité : A la grâce de Marseille. En dix épisodes, cette lecture/feuilleton de l’œuvre de James Welch nous ramènera au temps de la tournée européenne du fameux Buffalo Bill (du 22/11 au 10/12). Salon Public, qui nous invite cette année à descendre dans la rue pour mettre « Cap au rire ! » (du 30/09 au 02/10), programme en ouverture une chorégraphie qui s’annonce également surprenante : Limite de discrétion, réunissant une danseuse et d’authentiques rugbymen. En attendant, avant la nouvelle édition du festival Small Is Beautiful (du 5 au 16/10) qui s’annonce plus intéressante que jamais, Marseille propose deux événements alléchants : un vide-grenier avec performances dans les jardins de la Gare Franche (18/09) et à la Belle de Mai, des visites du chantier de La Friche (les 21/09, 19/10 et 16/11).
Capucine Vignaux
Photos :
Instants critiques de François Morel © D.R.
Artaud Barrault © Emile Zeizig Agence Mascarille
Magic dust par la compagnie AzHar © Nicolas Rivoire
Sur le chemin d’Antigone par l’Agence de voyages imaginaires