Reprise de la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 2014
Cannes, pur sucre
L’Alhambra accueille une partie de l’édition 2014 de la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes, offrant l’occasion, sous forme de séances de rattrapage, de découvrir les œuvres sélectionnées cette année, dont bon nombre se révèlent passionnantes.
Une folie douce a derechef envahi la cité cannoise d’ordinaire pépère, lors de la soixante-septième édition du plus important festival de cinéma international. Les trente mille accrédités ont arpenté durant une dizaine de jours les longs halls du Palais, afin d’assister aux multiples projections proposées au sein des diverses sections : Compétition officielle, Hors compétition, Un certain regard, Cannes Classics, Semaine de la critique, Cinéma de la Plage, l’Acid… autant de pistes leur permettant de découvrir la perle cinématographique qui sera le soir même, aux terrasses des cafés, sur toutes les bouches. Le Festival de Cannes marie le pire comme le meilleur, insupporte par l’ambiance qui s’en dégage et ravit parfois par les découvertes qu’il propose. S’il est une sélection qui ne déçoit que rarement, c’est bien la Quinzaine des Réalisateurs. Plus démocratique (elle est ouverte à tous les publics), elle offre une place d’envergure, une fenêtre unique, à un certain nombre de films souvent passionnants. Avec plus d’une vingtaine d’opus au programme, sélectionnés par Edouard Waintrop (un ex-Libé), la Quinzaine ravit chaque année par son dynamisme et sa pertinence. Cerise sur le gâteau, la sélection s’exporte depuis quelques années à Marseille : l’Alhambra accueille ainsi près de treize œuvres issues de l’édition 2014 de la Quinzaine. La manifestation s’ouvrira cette année sur le dernier film de Céline Sciamma, Bande de filles, qui nous avait déjà ravis avec Tomboy. Son dernier opus, très maîtrisé, nous plonge au cœur d’un groupe de quatre filles (sur)vivant à leur manière dans un quartier aux multiples interdits. La réalisatrice et Edouard Waintrop seront tous deux présents afin d’accompagner cette projection. Parmi les belles surprises de cette Quinzaine 2014, citons l’époustouflant long-métrage de Jean-Charles Hue, Mange tes morts, qui, après La BM du Seigneur, se place dans le peloton de tête des cinéastes hexagonaux les plus originaux et les plus radicaux. Au menu, également, P’tit Quinquin de Bruno Dumont, le dernier film de John Boorman (Queen and Country), ainsi que l’inénarrable National Gallery de Frederik Wiseman, une plongée de trois heures au cœur du célèbre musée londonien, reflétant en filigrane les questions essentielles de l’art chères à Walter Benjamin. Enfin, signalons la copie restaurée du chef-d’œuvre de Tobe Hooper, Massacre à la tronçonneuse, qui, en 1974, nous dévoilait un portrait sans concessions de l’Amérique profonde.
Emmanuel Vigne