RETOUR SUR L’ANNÉE CAPITALE : MP 2013 dans la presse

Revue de presse

 

Ce ne sont pas que des collines qu’il a fallu déplacer pour que Marseille soit enfin nimbée de dignité, si ce n’est de lauriers. Tour d’horizon de ce qui s’est dit dans la presse, du localier à l’international, sur l’année Capitale.

 

Le 20 juin 2013, Jean-Claude Gaudin dépose une plainte au CSA, en raison du Marseille bashing : il devient franchement intolérable qu’en 2013, le nom de Marseille soit encore « associé à la capitale du crime plutôt qu’à la capitale de la Culture », au grand désarroi de tous ceux qui avaient dans l’idée que le blason serait enfin redoré via cette opération. Faute de preuves précises de la part du plaignant, la plainte est rejetée par le CSA, qui ajoute dans son communiqué que « l’image de la ville de Marseille a été mise en valeur à la faveur des manifestations organisées dans le cadre de Marseille-Provence, Capitale européenne de la culture 2013. »

Reprenons (humblement) les chiffres.
Depuis le 1er janvier 2013, 9 149 articles de presse écrite, 1 002 en radio, 596 en télé, et 107 sur internet ont été jusqu’à présent recensés par l’Argus, qui récolte les articles en fonction de l’occurrence de l’expression « Marseille-Provence 2013, Capitale européenne de la culture ». Au total donc, 10 854 articles à ce jour. Sans compter les Google alertes, les titres non référencés, les articles qui en parlent indirectement mais qui ne citeraient pas le cadre de l’évènement, ainsi que  tous ceux qui ont précédé le 1er janvier 2013 (soit 5 000 de plus selon l’Argus).
La presse locale (La Provence, La Marseillaise, Marseille L’Hebdo) et la presse internationale sont celles qui, médiatiquement, ont le plus suivi l’aventure. Ce sont les Allemands, les Italiens, les Autrichiens et les Belges qui en ont le plus parlé, l’AFP Monde ayant bien sûr joué un rôle essentiel, par sa nature qui veut qu’elle distribue l’information à tous les médias dans chaque pays de la planète. Dès le mois de janvier, le prestigieux New York Times avait classé Marseille comme la deuxième destination incontournable de l’année 2013 (avant d’en faire « la capitale secrète de la France » en octobre).
Si la TransHumance a beaucoup fait parler d’elle en amont, les critiques sont restées modérées et peu nombreuses. Le GR®13 n’a hélas pas suscité l’engouement médiatique escompté si ce n’est auprès de nos voisins marcheurs, les Allemands et Autrichiens. Ni les expositions d’art contemporain. Bien en haut du pavé, le MuCEM est devenu LA star de MP 2013. Les Italiens l’ont encensé, les autres l’ont adulé. Visiblement, ce sont les grands chantiers comme le nouveau front de mer ou le Musée d’Histoire de Marseille, ainsi que l’exposition du Corbusier au J1 qui resteront dans les mémoires des journalistes.
Enfin, la cuisine, l’art de vivre méditerranéen, et notamment les Festins, ont attiré la presse internationale, vantant les atouts touristiques de la région que l’on connaît déjà bien. C’est au niveau national que le suivi a le plus péché, sans doute parce qu’il est difficile de combattre le snobisme d’une presse dont on dit qu’elle est nationale mais qui s’avère surtout parisienne.
Sans doute que le lancement à la va-vite de la Capitale a dérouté les journalistes nationaux qui s’étaient pourtant déplacés en nombre. Hormis Télérama — par la voix d’un journaliste local (Gilles Rof) —, les médias sont souvent tombés dans la caricature, amalgamant de manière positive (les deux quotidiens marseillais, partenaires de l’événement) ou négative (Marianne, Libération…), mais toujours de manière hâtive, MP 2013 et la cité phocéenne.
Il fallut attendre le mois de juin et l’ouverture du MuCEM pour enfin conquérir l’intérêt national. A partir de là, les medias n’ont guère tari d’éloge.
Quels effets cet intérêt de la presse a-t-il pu produire ? Les impacts se sont fait ressentir évidemment au niveau du tourisme, la fréquentation étant estimée à cinq millions de visiteurs. Le bilan sur les retombées économiques reste encore à produire et sera rendu public au premier trimestre de l’année qui vient. Quant aux effets sur les mentalités, il semblerait que les autochtones ne pensent pas que leur territoire a été rendu meilleur mais qu’il  a été mieux perçu par les étrangers (soit au Nord d’Avignon comme chacun sait), selon une étude rapportée par France Inter.
Reste un phénomène qui soulève une vraie question et agite la presse de façon plus générale.
De nombreux médias ont vu le jour, espérant que la poule aux œufs d’or allait enfin atterrir sur Mars : une tripotée de blogs bien sûr, mais aussi des magazines (à commencer par VMarseille). Et tandis que Marseille L’Hebdo est à l’agonie, les culturels gratuits se demandent à quelle sauce ils vont être mangés en 2014. En ce sens, l’effet « Capitale » n’a pas été productif. Les budgets de communication de l’association Marseille-Provence 2013 n’ont pas permis de distribuer de façon pérenne et équitable les richesses du trésor, ni les ressources des associations qui auraient pu acheter quelque publicité, source vitale de revenus pour la presse.
A l’heure des bilans, maintenant que Marseille-Provence 2013 est plus ou moins une success story, qu’elle a su faire parler d’elle et en bien, il faut alors se poser la question de façon prospective : quid de Marseille 2014 dans les médias ? Qui en parlera et, surtout, qu’en dira-t-on ?

Joanna Selvidès