Rétrospective Peter Greenaway dans le cadre de Mars en Baroque
L’esthète qui tourne
Entre les Variétés, le César et la Friche, une magnifique rétrospective des longs-métrages de Peter Greenaway vient se poser en point d’orgue de l’ambitieux événement Mars en Baroque. L’occasion de redécouvrir un cinéaste de haute volée, dont l’œuvre impose une esthétique inégalée.
Au cœur de la très riche manifestation Mars en Baroque, l’équipe organisatrice a eu l’excellente initiative de réserver une rétrospective à l’un des plus grands cinéastes de l’histoire du cinématographe, Peter Greenaway. Pénétrer une œuvre du réalisateur britannique est toujours une expérience intime bouleversante : les degrés de lecture sont si riches qu’ils peuvent de prime abord déstabiliser le spectateur. Greenaway fait partie, avec ses compatriotes Derek Jarman ou Ken Russell, des cinéastes dont les œuvres assument une dimension baroque incontestable, tout en étirant les codes au-delà de ses frontières. Il y a là un cinéma qui ne s’accorde aucune limite, dans un exercice de style qui obéit pourtant à maintes règles. Une certaine recherche de pureté qui ne s’interdit pas — car elle n’est certainement pas incompatible ! — une exploration des tréfonds de l’âme humaine. Le sens visuel bien sûr explose dans l’œuvre de Peter Greenaway : l’esthétique, particulièrement picturale et extrêmement ciselée, est indissociable de tous ses films. L’équilibre des couleurs, des cadrages, de la photographie répond à la férocité des sujets et des personnages. Ses influences très classiques ne l’ont jamais exclu d’une certaine avant-garde : le cinéaste protéiforme compte parmi ses œuvres une poignée sublime de films courts expérimentaux. L’équipe de Mars en Baroque a donc opté pour une programmation uniquement construite autour des longs-métrages de Peter Greenaway. Première belle surprise, une séance spéciale de son dernier opus (Goltzius et la compagnie du Pélican) nous avait été présentée début février. Suit ainsi en mars l’essentiel de ses œuvres, de son premier film, Meurtre dans un jardin anglais, au rythme suspendu et à la photographie somptueuse, aux plus grands publics The Pillow Book ou Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant.
Emmanuel Vigne