La règle des trois
La huitième édition des Rencontres Internationales des Arts Multimédia (RIAM) convoque trois labels aux formes hybrides (Dokidoki, Musique Large et Stembogen) afin de sonder l’état actuel de la performance artistique. 5 000 ans après l’invention de la roue, 135 ans après le premier téléphone, onze ans après le bug de l’an 2000, où en sommes-nous ?
Nos amis de l’Embobineuse touchent dans le mille lorsqu’ils affirment sur leur site Internet qu’il en faut peu à Clara Clara, Thiaz Itch ou Scarlatti Goes Electro pour faire monter leur mayonnaise. D’ailleurs, est-elle là, la véritable performance, dans l’économie de moyens ? Peut-être. Quoi qu’il en soit, les trois groupes conviés à la fête du label franco-japonais Dokidoki méritent amplement un déplacement jusqu’au boulevard Bouès, le 12 février. Les RIAM convoquent trois collectifs donc, trois écuries de poulains sauvages et aventuriers, à apprivoiser dans quatre lieux marseillais dont le Salon, un espace cosy investi pour l’occasion. Les amateurs de nanars succomberont d’emblée aux propositions du label Stembolen, offrant (entre autres) une seconde vie artistique à quelques exquis dialogues piochés dans les sombres et inépuisables tiroirs de série Z. Il n’y a qu’à jeter une oreille sur le décalé et non moins brillant opus Traumavision, créé par RadioMentale (deux Djs à écouter sur Grenouille) et Pierre La Police, pour saisir toute la subtilité du recyclage mettant en exergue la musicalité contenue dans d’improbables sources sonores. A suivre le 11 du Salon jusqu’aux platines de l’Enthröpy, Denis Chevalier (directeur artistique du collectif) officiera aux côtés de Ravi Shardja, Hänschenklein et Bass Jog. Le jeune projet du turntablist Elephant Power et F.X.Randomizer signera ici l’un de ses premiers concerts, exclusif et très dubstep. On enchaîne avec un dernier rendez-vous le 19 au Café Julien pour la Musique Large Party. Pour clore le festival, le jeune label propose de tirer les cartes d’un hip-hop électronique et de frapper sur les pads des samplers, en direct, pour plus d’effets. L’artiste-théoricien Richard Martel estime que l’art performance est la première forme artistique de l’humanité, en tant qu’acte corporel, culturel et politique. Les RIAM traversent le temps et laissent à chacun le luxe de méditer sur l’acte performatif contemporain, au fil de shows éphémères soumis aux aléas de la scène, à ses échecs et ses victoires.
Jordan Saïsset
RIAM 08 : le 11 au Salon (37 cours Franklin Roosevelt, 1er) et à l’Enthröpy (1 rue Consolat, 1er), le 12 au Salon et à l’Embobineuse (11 boulevard Boués, 3e) et le 19 au Café Julien (39 cours Julien, 6e). Rens. www.riam.info