Roméo et Juliette de Charles Gounod était présenté à l’Opéra de Marseille
Un joli couple
Plaisant Roméo et Juliette à l’Opéra qui, bien que flirtant parfois avec la mise en espace, fut mis sur orbite par le couple Patricia Ciofi/Teodor Ilincaï.
« Mise en espace » est une bien grande expression, presque prétexte à un « bon » mot, car dans les différents décors, seule la cellule de Frère Laurent se révèle un peu décevante. Les autres décors, massifs et imposants, symbolisent tout à fait la puissance des hôtes et le poids — voire la pression — des deux familles sur les épaules de ces amants absolus, à la fois bénis et maudits. Parfois tombe un fond bleu qui place le couple à l’avant-scène ; ces enfants enfin extraits du contexte étouffant des hostilités familiales laissent alors libre cours à d’enivrantes déclarations, portées avec finesse et sensibilité par le timbre — déjà imprimé — du jeune ténor roumain, qui vient confirmer ici la belle impression laissée au concert d’inauguration du Silo. Nul doute que ce très jeune homme fera la joie et l’émotion de nombre de spectateurs dans les années à venir. Autres éléments de la distribution concourant brillamment à cette réussite, la soprano Eduarda Melo dans le rôle de Stéphano. D’une grande fraîcheur, elle dégage une gaieté, une belle énergie et laisse une impression tout à fait charmante. Isabelle Vernet (Gertrude), Bruno Comparetti (Tybalt) et Nicolas Testé (Frère Laurent) contribuent eux aussi efficacement et plaisamment à cette réalisation. De belles lumières (Patrick Méeus) viennent baigner la scène, dans des dominantes de blanc et de bleu (magnifique deuxième acte) ; les mouvements de combats (avec des fleurettistes) et de foules sont de vrais ballets (Pavel Jancik). Et si celui qui ouvre le prologue s’avère un peu bruyant — comme les éclats de rires forcés qui ponctuent quelques bonnes « plaisanteries » —, ils participent de cette agréable soirée, qui ne paraît absolument pas durer plus de trois heures.
Frédéric Marty
Roméo et Juliette de Charles Gounod était présenté du 11 au 19/10 à l’Opéra de Marseille