Ron Butlin – Appartenance (La Cosmopolite/Stock)
Appartenance raconte le périple de Jack, de la neige des Alpes jusqu’à la fournaise d’un coin perdu en Espagne. Jack est un jeune homme sans vocation, sans ambition, rompu aux petits jobs. Il part avec Anna dans les Alpes pour un job de gardien dans un hôtel de luxe. C’est l’hiver, il n’y a personne. Amoureux, le couple profite des avantages fournis par les différentes chambres de l’hôtel. Arrive alors une Ferrari rouge avec à son bord Thérèse, une jeune fille aux cheveux multicolores et un homme âgé qui pourrait être son père. Le soir, l’homme meurt accidentellement et le couple recueille la jeune Thérèse paniquée. Commence alors doucement le déclin. Thérèse repart à Paris et le couple peu à peu s’effrite. Après un bref passage parisien l’histoire se transporte en Espagne, sous une canicule dévorante où les protagonistes survivent dans des bicoques de fortune, entourés d’âmes torturées, en peine, s’occupant aux taches les plus simples. De temps en temps, par la radio la vie à l’extérieur arrive comme un mauvais présage : le terrorisme et les catastrophes climatiques, la guerre. Le style de Ron Butlin est sec, rapide et sans concession. Proche de la violence de ses comparses écossais, le roman flirte aussi avec le no future d’un McCarthy et rappelle parfois le magnifique Puerto Escondido de Pino Cacucci. Ron Butlin raconte le dérapage, l’impossibilité de vivre et d’appartenir, l’errance. Les protagonistes vont jusqu’au bout de ce qu’ils peuvent dans l’espoir d’y trouver quelque chose. Un très beau roman, vif et oppressant.
JB