Se révolter, filmer - Rétrospective Jean-Pierre Thorn

Se révolter, filmer – Rétrospective Jean-Pierre Thorn

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Face au mur

Parallèlement à son remarquable travail de transmission de la culture hip-hop, l’association The B-Side invite à Marseille Jean-Pierre Thorn, cinéaste de la lutte et de l’urgence, pour une rétrospective passionnante couvrant quatre décennies d’engagement cinématographique.

Peu de cinéastes semblent avoir gardé, de la fin des années soixante à aujourd’hui, une telle sincérité, doublée d’une infatigable volonté à accompagner les luttes. Jean-Pierre Thorn fait incontestablement partie de cette catégorie. L’homme attrape sa première caméra dès 1968 afin de rendre compte du combat des ouvriers de Renault Flins lors des grandes grèves. Une démarche qui lui permettra de rencontrer de nombreux techniciens et réalisateurs — dont Jean-Luc Godard — et de tirer quelques copies du film Oser lutter, oser vaincre, qui sonnera le glas de sa jeune carrière. Thorn devient alors durant une dizaine d’années ouvrier sur les chaînes d’Alsthom, expérience qui lui permettra de vivre la lutte syndicale au cœur du système, et de réaliser, au début des années 80, son œuvre phare, Le dos au mur, dans lequel il revient sur les occupations de son usine lors des grandes grèves d’octobre 79. Aujourd’hui encore, le film sonne avec une rare modernité. The B-side en propose une projection au CRDP, évidemment en présence du réalisateur, qui accompagnera toutes les soirées programmées lors de cette rétrospective. Par la suite, le cinéaste tissera son œuvre documentaire, en s’intéressant aux conditions de vie en banlieues, aux rêves avortés, aux espoirs d’une jeune génération, où se mêlent musique, danse, combats quotidiens et lutte des sans-papiers. On retrouve au cœur de sa filmographie l’une de ses rares fictions, Je t’ai dans la peau, tournée à Marseille. Mais il se fait plus récemment remarquer avec 93 la belle rebelle, épopée passionnante sur un demi-siècle de prises de paroles musicales, du rock au hip-hop en passant par le punk, dans ce département d’Île-de-France. Ou comment la mixité musicale, parfois de haut vol, devient la bande-son d’une histoire industrielle, sociale et humaine souvent déchirante mais encore, malgré les trahisons politiques, empreinte d’espoir. Parmi la dizaine de films présentés lors de cette rétrospective, aux quatre coins de la cité phocéenne, citons la projection, au collège Jacques Prévert, de On est pas des marques de vélo, œuvre de 2003 retraçant, via le parcours de Bouda, jeune danseur de hip-hop, toute la richesse du street art, du breakdance au graff.

Texte : Emmanuel Vigne
Photo : 93 la belle rebelle

Se révolter, filmer – Rétrospective Jean-Pierre Thorn : du 15 au 25/06 au CRDP (31 boulevard d’Athènes, 1er), au Polygone étoilé (1 rue Massabo, 2e), au Théâtre du merlan (Avenue Raimu, 14e), au Collège Jacques Prévert (87 avenue de Frais Vallon, 13e) et au Centre social l’Agora (La Busserine, 14e). Rens. 04 84 25 04 02 / www.thebside.org