La Fondation Carmignac

Sea of Desire à la Fondation Carmignac

Tout un Art à vivre

 

Inaugurée début juin, la Fondation Carmignac nous plonge dans une collection privée aussi incroyable qu’accessible, comprenant des œuvres mythiques. Une promenade idéale entre villa et jardin à faire avant la fin des beaux jours et qui vous aidera à aborder l’automne avec joie.

 

« La mer a des bornes mais le désir n’en a point », écrivait William Shakespeare dans Vénus et Adonis. Assisté de son fils Charles, Édouard Carmignac, ponte de la finance mondiale et créateur du Prix Carmignac Gestion du photojournalisme, ne se lasse pas d’être transporté par l’art. Et nous avec…

L’air chaud marin, le parfum des pins, le bruit des graviers, une IPA glacée… L’ancienne ferme (qui apparaît dans Pierrot le fou de Godard) rénovée par l’architecte Henri Vidal et le parc de quinze hectares sur site classé, agencé par le paysagiste Louis Benech, offrent l’illusion de se sentir chez soi.

Le bar-restaurant, contigu à la demeure, propose une carte appétissante pour différentes bourses ; le domaine viticole de La Courtade, qui s’exerce à la biodynamique, y diffuse ses crus solaires en bouche.

Tout est conçu pour laisser parler les anges et les démiurges, s’ancrer dans le sel de la terre. Il s’agit d’être soi-même. « Liberté » est le maître mot de cette expérience ; d’ailleurs, la visite s’effectue pieds nus à la surface des 2000 m2 de salles d’exposition. Le public a donc d’emblée une option de recentrage au sol. Les dalles froides nous rappellent combien nous sommes vivants et doués d’une infinité de sens. L’aventure a d’ores et déjà commencé et sa capacité à nous émerveiller ne fera que s’accroître. Quelles que soient les références et quel que soit le chemin de traverse, dedans, dehors, cela provoquera en nous l’amorce d’une bombe artistique… La qualité scénographique s’avère indéniable (Dieter Buchhart en est le commissaire) : derrière chaque module de cet immense espace, scindé en huit thématiques, s’enchaînent de multiples trésors.

L’installation de Bruce Nauman One Hundred Fish Fountain nous apaise d’entrée. Ses 97 poissons de bronze en apesanteur forment un bassin surréaliste et nous immergent dans un premier sas de méditation.

La collection arpente les âges et les histoires avec goût et élégance. Parmi les œuvres phares, on compte le Lenin et le Mao de Warhol, le Saint Fallen Angel de Basquiat qui nous met carrément en vrac, une Evelyn de Richter qui se perd dans son bleu, de nombreux tableaux de Lichtenstein (presque trop ?), la sculpture de l’entrée et la fresque de Barceló qui sédimentent de façon magistrale une approche organique insulaire. Enfin, une Vénus sublime, inouïe de grâce et de sensualité : un aimant. Amante de Botticelli dont on ne se remettra jamais sauf si un jour elle effleure les murs de notre salon…

L’effet subaquatique du plafond de verre émet un jeu d’ombres et de lumières : le voyage épique perdure particulièrement à travers la photographie. Ici, on s’attardera sur le cliché de Nicola Costantino avec le laboratoire de son double, le visage borgne de Miriam Al Shafi par Kai Wiedenhöfer (Prix du photojournalisme avec Gaza en 2009) et les mariages tchétchènes de Shatoy par Davide Monteleone (primé en 2013, son opus Spasibo a été soutenu par la fondation). Des clichés du réel, qui sans clichés, ne nous laisseront pas indifférents.

En extérieur, outre une recherche botanique en devenir, on retiendra La couvée d’œufs de marbre de Nils-Udo et les trois alchimistes monumentaux de Jaume Plensa. Les artistes internationaux ont séjourné en résidence dans la villa afin d’y placer judicieusement leurs réalisations.

Autant de raisons de s’offrir une dernière virée estivale à Porquerolles.

 

Zac Maza & Marika Nanquette

 

Sea of Desire : jusqu’au 4/11 à la Fondation Carmignac (Île de Porquerolles, Hyères).

Rens. : 04 89 29 19 73 / www.fondationcarmignac.com/fr