Serge Assier : Quatre rives et un regard sur l’Esplanade Bargemon
Ports d’attache
Montée par le photographe marseillais Serge Assier, l’exposition Quatre rives et un regard nous offre sa vision, très humaine, portée sur quatre ports : Anvers, Barcelone, Marseille et Rabat.
Il les a toutes arpentées, ces villes aux « histoires précieuses valant tout l’or du monde. » Le résultat des excursions aiguisées du photographe marseillais est à découvrir dans Quatre rives et un regard, une exposition truculente abritée par quatre containers. Dans chacune de ces grandes boîtes métalliques, une ville est résumée par vingt clichés judicieusement sélectionnés parmi la masse énorme récoltée sur place.
Dans un ensemble vertueux où les mots agglomérés et les visuels s’alimentent réciproquement, l’exposition est parsemée de textes écrits notamment par l’ancienne critique américaine spécialisée Vicki Goldberg (New York Times, Vanity Fair…) ou par certains des illustres amis du photographe comme Michel Butor ou Fernando Arrabal.
Dans une navigation à la fois écrite et iconographique, on musarde d’un rivage à l’autre à travers les belles ramifications citadines captées par le photographe. Chacune de ses quatre-vingts images nous prouve la sagacité optique de la technique consistant à esquisser des diagonales visuelles, à attendre patiemment que l’image se construise d’elle-même puis à figer au moment adéquat tel ou tel instant de vie.
Marabout balayant devant sa porte, personnes derrière leur fenêtre à balconnet regardant ce qui se passe dehors, factrice distribuant le courrier dans une vieille rue populaire ou couple sur le point de se séparer sur un quai ferroviaire : on entre dans une relation expressive où les scènes photographiées sont intimement liées à celui qui se trouve derrière l’appareil argentique. Autant de moments préservés de la pulsion destructrice de l’histoire en marche.
Valentin Lagares