Adaptation littérale et pailletée d’un magazine féminin ou chronique contemporaine douce-amère ? Un visionnage distrait laisse présager le pire des sommaires. En page 3, un édito aux accents clairement autobiographiques…
Adaptation littérale et pailletée d’un magazine féminin ou chronique contemporaine douce-amère ? Un visionnage distrait laisse présager le pire des sommaires. En page 3, un édito aux accents clairement autobiographiques, billet d’humeur nombriliste, livré dans chaque épisode par Carry, l’héroïne de la série, et servant de fil conducteur à l’intrigue. En page 15, un dossier « sexe vécu », cru mais émoustillant, libertin mais pas — trop — vulgaire, donnant lieu à des dialogues très détaillés et assez inédits. Dossier immédiatement suivi d’un article de fond, très déculpabilisant, sur le thème de ces petits défauts qui se transforment en grandes qualités si nous, les femmes, apprenons à nous aimer telles que nous sommes. Sans oublier les rubriques classiques : photos de lieux branchés, stars, dernières tendances en matière de luxueux chiffons et des pages et des pages de publicités pour la trinité trendy : sacs, chaussures et vodka.
Heureusement les scénaristes et leurs personnages se débrouillent pour dynamiter cette ligne éditoriale convenue et au final peu sexy. Célibataires obsédées par le sexe, le célibat ou le boulot, maladroites et attendrissantes, dépressives, adolescentes attardées geignardes et drôles, les quatre actrices se voient dotées d’une palette de sentiments finalement assez riche pour interpréter ces New-Yorkaises certes paumées, mais avec les bonnes chaussures aux pieds. Quant aux situations et aux dialogues, ils viennent sauver une mise en scène absolument plate et moche, permettant à la toute petite demi-heure que dure la série de passer en un clin d’œil très agréable.
Chronique de l’insatisfaction pathologique sous une certaine couche de futilités, Sex & the City donne dans l’envers du papier glacé : l’humain.
Flore Cosquer