Si Didon rêvait là-haut, Théo la verrait donc ici aux Ateliers d’Artistes de la Ville de Marseille
Qui se ressemble, s’assemble
L’exposition proposée par le château de Servières ne nécessite pas forcément le discours qu’il est de bon ton d’avoir quand on parle d’art contemporain. Elle sait nous faire éprouver le plaisir, si souvent feint, de découvrir une œuvre d’art, de la comprendre par soi-même et de jouer avec son auteur…
Le titre de l’exposition nous annonce un palindrome (1) syllabique et voilà une paronomase (2) artistique ! Si Didon rêvait là-haut, Théo la verrait donc ici rassemble trois artistes qu’il est impossible de réduire à une pratique artistique. Sculpture, dessin, peinture… : il s’agit avant tout d’Art, comme le soulignait Charles Floren lors de sa lecture le soir du vernissage.
Paronomase, parce que les travaux de Jérémie Setton, Francis de Hita et Gerlinde Frommherz semblent à première vue différents dans le sens (les contenus) mais proches dans l’écriture. En témoigne la très jolie correspondance entre la pièce de Francis de Hita, Sans titre, et le tableau Retrait, après Butades… (Les Herbes) de Jérémie Setton dès le début de l’exposition. On comprend alors pourquoi la directrice du Château de Servières, Martine Robin, souhaitait réunir ces trois artistes dans une même exposition, où les œuvres se répondraient et sur la forme et sur le fond.
Confusion des genres entre dessin et sculpture chez Francis de Hita, confusion des sens entre « planéité » et volume chez Jérémie Setton, confusion des représentations entre espace physique et espace mental chez Gerlinde Frommherz… : les œuvres interrogent notre perception et pointent du doigt des réalités qui n’en sont peut-être pas.
Mais on peut avoir une lecture plus ludique des choses, de l’ordre d’une expérience proposée par les trois artistes. La plupart des œuvres nous demandent de quitter instamment notre posture de regardeur pour jouer avec l’artiste. Les dessins sur nuancier de couleurs de Francis de Hita sont ainsi à la fois poétiques et proches du rébus, tandis que les transpositions du dessin sur plâtre aux maquettes de Gerlinde se révèlent des jeux de constructions intellectuels. Quant au Bureau de Jérémie Setton, il propose à chaque visiteur de l’installation de se livrer à une véritable partie de cache-cache avec les images, leurs disparitions, avec lui-même…
Céline Ghisleri
Si Didon rêvait là-haut, Théo la verrait donc ici : jusqu’au 13/03 aux Ateliers d’Artistes de la Ville de Marseille (11/19 boulevard Boisson, 4e). Rens. 04 91 85 42 78 / wwwchateaudeservieres.org
Notes- Mots, phrase pouvant être lus de droite à gauche et de gauche à droite tout en conservant exactement le même sens.[↩]
- Une paronomase consiste à rapprocher des mots comportant des sonorités semblables, mais qui ont des sens différents. [↩]