Simon Werner a disparu (France – 1h33) de Fabrice Gobert avec Jules Pélissier, Ana Girardot…
Élève y es-tu ?
Un film qui commence par le Love like blood de Killing Joke, et dont la bande-son est orchestrée par Sonic Youth, s’annonce sous les meilleurs auspices — même si les bruitistes new-yorkais nous empêchent par moments d’entendre avec netteté les dialogues.
Ce tube rock des années 80 place d’emblée le spectateur dans le contexte musical, vestimentaire et mobilier de ce récit, situé au milieu de la décennie en question. Plus précisément, c’est dans un lycée de la banlieue parisienne que plusieurs élèves se demandent pourquoi Simon Werner a disparu. Et l’absence à l’appel d’autres camarades ne va pas arranger les choses… Attention tout de même, ce film est aussi pour vous qui n’êtes pas forcément nostalgiques des pulls en laine à losanges ou des Opel Kadett. Avec ce deuxième opus, Fabrice Gobert surprend par sa maîtrise de la retranscription réaliste de cette époque et, surtout, par un montage astucieux. Au-delà de mouvements de caméra qui nous donnent l’impression de retourner sur les bancs de l’école avec Jérémie, Ana, Jean-Baptiste et Simon, les flashbacks centrés sur ces quatre personnages nous permettent de revivre les dix jours précédant la disparition de leur dernier camarade, sous l’angle de chacun d’entre eux. Des raccords millimétrés permettent alors de reconstituer peu à peu le puzzle scénaristique. L’autre bonne trouvaille est de nous montrer comment le milieu scolaire peut, en conjuguant esprit de vengeance, jalousie et amour-propre, diffuser si facilement rumeurs et vérités cachées par le bouche-à-oreille entre les cours. Le spectateur est ainsi mené par le bout du nez sur des fausses pistes avec de jeunes acteurs dont la justesse est bluffante. Au final, nous assistons à un cocktail bien dosé de drame intimiste et de thriller, pour le plus grand bonheur de nos yeux, ainsi que de nos oreilles.
Guillaume Arias