Soirée autour de Simone Forti présentée à Montévidéo
Dense avec elle
D’une exceptionnelle densité, la soirée proposée par Marseille Objectif Danse autour de Simone Forti s’est fait l’écho du parcours singulier de ce monstre sacré de la danse contemporaine américaine.
C’est un monument, mieux, un temple. Aujourd’hui âgée de 74 ans, Simone Forti a commencé à danser à Los Angeles avec Anna Halprin dans les années cinquante. Après un détour par la Judson Church dans les années soixante, elle s’échappe dans les galeries d’art new-yorkaises où elle performe avec Yvonne Rainer, Bob Morris et Trisha Brown, avant d’orienter son travail sur le mouvement animal et le taï chi dans les années soixante-dix. Aujourd’hui encore dans l’action, elle est toujours en recherche, jamais lassée de sa quête du sensible, qu’elle explore partout : dans les mots, dans le corps, dans le monde.
Varié, presque trop riche, didactique sans lourdeur, le programme proposait lecture, rencontre, performances et projections pour permettre au spectateur de s’imprégner de son univers.
Via une lecture à quatre voix de ses textes poétiques (Oh ! Tongue, 2003), la musicalité de la langue anglaise nous enchante, sans que l’on parvienne à en saisir pleinement le propos.
S’ensuit alors une performance dansée, longue, douce, qui donne le ton. Assistée de la danseuse Claire Filmon, fidèle compagne de route, Simone Forti développe ainsi des sortes de « miniatures » qui glissent les unes sur les autres. Quelque chose de précis dans la qualité du geste rappelle une mélopée suave. L’énergie, fluide, d’une douceur presque enveloppante, crée des paysages, des vallons poétiques sans lyrisme exacerbé. Simplement. Naturellement.
Au début très présente, la parole se raréfie pour s’intensifier en se déposant dans la chair, en s’incarnant. Une intimité se crée alors avec un public qui retient son souffle, de façon presque religieuse, pour partager ces fragiles instants de sacré.
Explorant « l’état de danse », à la recherche du simple plaisir de la sensation, la danse de Simone Forti se défait des fioritures pour devenir une poésie partagée.
Texte : Joanna Selvidès
Photo : Sarah Swenson
La soirée autour de Simone Forti était présentée le 5/05 à Montévidéo