Sons de plateaux #4 à Montévidéo.
Un tic tac derrière les oreilles
Le festival Sons de plateaux, sous la direction du Grim, fête sa quatrième édition avec, en point d’orgue, la présence de Jacques Rozier.
« Qu’ils soient issus du théâtre, du cinéma, de la radio ou des arts plastiques, les mots qui parlent du son tentent l’approche d’une définition sans vraiment atteindre leur but, pour notre plus grand bonheur » (Jean-Marc Montera, directeur du GRIM). Le son, c’est un champ d’investigation infini qui effleure et pointe des détails et des sens imperceptibles à l’œil nu. Souvent auxiliaire de l’image, il est pourtant, à notre insu, un véhicule d’émotion sans pareil. Demandons aux passants de nous parler de leurs films préférés et vous remarquerez, à coup sûr, que la partition musicale y est très présente, et l’air souvent connu. Dans 2001, l’Odyssée de l’espace, Les Quatre saisons de Vivaldi accompagnent et décident de la vitesse de rotation d’un satellite effleurant la surface du globe. Ici, ce qui fait sens et nous permet d’y croire, ce n’est pas le design improbable de l’objet, ni la position des étoiles, mais le rapport vitesse-musicalité. Avec l’arrivée du numérique, le son est devenu une affaire personnelle où tout un chacun peut transformer son appartement en studio d’enregistrement. Le logiciel devient partie prenante de la composition, le DAT remplace le Nagra et la bande magnétique. Dans le brouillard de la multiplicité, un festival sur le son est une opportunité d’établir des hiérarchies et d’y voir plus clair sur les intentions et les points de vue de demain. L’art contemporain s’inscrit sous le signe de la transversalité, une manière de décrocher l’objet du mur et d’envisager les formes par les cinq sens. Entre la scène et l’espace d’exposition, tout se brouille et tout se reconstruit pour ne faire qu’un. Du son seul au son arrangé, de la partition à la performance, du larsen au free jazz, l’espace est immense et la reconnaissance est souvent annihilée par le spectaculaire de l’image. Le son aime, plus que tout, disparaître pour caresser les angles des murs, courir le long des enceintes et nous surprendre dans un bref instant où la note devient l’acteur principal du synopsis. Pour cette quatrième édition, le jeudi 9 sera consacré au théâtre, le vendredi 10 au cinéma expérimental, le samedi 11 à l’art contemporain et le dimanche 12 au cinéma. Un concentré de savoir et d’échange unique en France.
Texte : Karim Grandi-Baupain
Photo : Dominique Petit Gand – Studio musique © jm Montera
Sons de plateaux #4 : du 7 au 12 avril à Montévidéo.
Rens. 04 91 04 69 59 / www.grim-marseille.com