Été Permanent de Yann Longobardi
Pendre pour sujet les cabanons de nos calanques aurait pu se révéler
cliché, or cette exposition dévoile un nouveau photographe autodidacte très prometteur, Yann Longobardi. De ses photos peu peuplées mais très habitées ressort une nostalgie, une mélancolie joyeuse qui, au détour d’une paire de sandales appuyées sur un muret, se fait poésie. Les lieux ne sont plus seulement cadre de vie mais sujets, témoins intemporels d’existences, d’histoires intimes, fragments d’instants… Le travail en argentique, avec des prises de vues en début ou fin de journée, octroient à ses photos une douceur, des couleurs surannées empreintes de la part vive de nos enfances, de l’univers des films néo-réalistes italiens, ou ceux de la nouvelle vague argentine, comme
La Ciénaga de Lucrecia Martel. Le décor y est narratif. La photo est sensation. Elle n’impose pas un propos, elle ouvre une porte derrière laquelle s’engouffrent nos imaginaires, nos souvenirs, les traces d’un passé-présent. Marquer la présence par l’absence est l’empreinte de Yann Longobardi.
«
Ce qui m’intéressait dans les cabanons, c’était leur effet bulle, être en dehors du temps et de la ville, du bruit et du mouvement, de toute évolution… Le titre de cette série est Été, permanent
, bien que je n’aie pris aucune de ces photographies en été », s’amuse le jeune photographe. On attend avec impatience son prochain projet,
Face B, avec Urban prod sur les conditions, espoirs et aspirations de rappeur·euses de la cité phocéenne.
Osez pousser la porte du Set, vous découvrirez un lieu chaleureux et festif, comme en a témoigné le feu du vernissage, échauffé par la dj Isold, du collectif La Fièvre.
Marie Anezin
> Jusqu’au 23/03 au Set Marseille (8e )