Soul Kitchen (Allemagne/France – 1h40) de Fatih Akin avec Adam Bousdoukos et ses apprentis cuisiniers
Un dîner presque imparfait
Pour son passage à la comédie, Fatih Akin semble avoir délaissé les ingrédients qui ont fait le succès de ses films précédents pour ne garder que les artefacts d’un cinéma qui se veut léger et un peu tendance. Avec ce Soul Kitchen, drôle de cuisine de l’âme qui tente de concilier en son sein restauration et musique, le réalisateur allemand joue, de l’entrée au dessert, la carte de la coolitude branchée. Malheureusement, dès les premières minutes, on se met à douter de la fraîcheur glorieusement affichée par le film qui dégage malgré lui comme une odeur de réchauffé. En fait de plat du jour, Fatih Akin nous sert une vraie belle daube, à peine décongelée, comme celles que vous pouvez ingurgiter par des soirs de grande lassitude à la télévision. Si l’appétit vient en mangeant, il en va différemment du cinéma, et ce n’est pas avec la suite de ce récit caricatural qu’on pourra festoyer. Inepte, le scénario déborde de fausses bonnes idées qui semblent se succéder dans la seule optique de permettre au film d’atteindre la durée réglementaire d’un long-métrage. Lorsqu’on est attablé devant un plat insipide, on peut toujours y ajouter du sel et poivre pour se donner l’illusion du goût. Ici, rien à se mettre sous la dent, même pas les scènes ouvertement comiques qui nous tirent une moue dubitative alors qu’elles tentent de faire sourire les plus indulgents. Même la musique, qui depuis deux décennies a sauvé bien des pellicules, ne parvient pas à titiller notre attention et finit par se perdre dans une sorte de R&B grec aussi digeste qu’un sandwich au houmous.
nas /im