Still The Water de Naomi Kawase
Mer nourricière
La mer apaise la douleur, emporte les morts, nous emmène en méditation et nous invente une apesanteur terrestre. Tel le cycle de la vie, la vague surgit du néant, se charge d’énergie pour retomber dans la douceur avant de repartir. La mer est omniprésente dans le nouveau film de Naomi Kawase. Comme la musique, qui y surgit par petites touches de piano, capable d’adoucir les mœurs, ou plutôt d’arrondir les angles. Ce sera ici l’incompréhension des amours adolescents, de la relation mère-fils, ou de la difficile acceptation de la mort par exemple. Cette ode à la lenteur nous fait, peut-être, prendre le temps… Celui de quitter notre costume de spectateur pour enfiler celui d’acteur de notre vie. En touchant droit au cœur de nos émotions, après un démarrage qui requiert de la patience, une proximité bien humaine s’établit entre les personnages, l’histoire et nous. La lenteur, donc, est omniprésente : des mouvements de caméras à l’unité de lieu et de temps, en passant par les longs moments qui s’égrènent avant que les personnages ne prennent conscience des choses.
Aussi bien qu’à la sortie du film, au moins deux envies nous prennent : s’assoir ou s’allonger face à la mer pour écouter le chant des vagues, et prendre un billet pour le Japon dès que possible.
Guillaume Arias
Still The Water de Naomi Kawase (Japon – 1h45)