Super-héros movie – (USA-1h30) de Craig Mazin avec Drake Bell, Sara Paxton…
Y a-t-il un super-héros pour sauver le film ?
Après avoir passé à la moulinette parodique les films d’horreur (Scary movie), les films pour ados (Not another teen movie) et autres comédies romantiques (Date movie) avec plus ou moins de succès, Hollywood règle son compte aux super-héros, surfant sur la super vague des supermen qui cassent la baraque au box office depuis six ans. Orchestré par David Zucker, un des trois ZAZ — le trio légendaire derrière la série des Y a-t-il… —, ce nouveau pastiche calque sa trame narrative inconsistante et absurde sur celle du premier volet de Spider-man, l’agrémentant de clins d’œil spasmophiliques à tous les justiciers en collants de la planète. Jugez plutôt : lycéen mal dans sa peau, Rick Ricker, double couillon de Peter Parker, vit avec son oncle et sa tante. Secrètement amoureux de sa ravissante voisine, qui sort avec le gros con musclé de service — que les fans de Veronica Mars retrouveront avec plaisir —, Rick voit sa vie basculer le jour où il est piqué par une… libellule radioactive. Pourvu désormais de super pouvoirs, hum, l’étudiant chétif et maladroit laisse place à l’homme-libellule, tout aussi chétif et maladroit, sauf qu’il a un costume de libellule, désolé… Film (de) malade(s), à la fois attachant (intertextualité ludique) et navrant (enchaînement de gags pauvres), SHM ne s’en sort pas trop mal lorsqu’il convoque le slapstick — gamelles en tous genres — dans le quotidien des X-Men, de Batman ou autres Quatre fantastiques, mais verse dans l’indigence crasse lorsqu’il part chasser sur les terres « scatos » des frères Wayans. Autre faiblesse du film, le casting falot, porté par de jeunes acteurs grimaçants et inconnus au bataillon, qui peinent à imprimer la pellicule et supporter la comparaison avec les invités qui apparaissent au détour de gags couillons, de Marion Ross (la maman de Richie Cunningham dans Happy days), au centre de la scène la plus « ventée » du film, à Pamela Anderson, parfaite(ment conne) en « Femme invisiBitch ». Au final, dans sa course permanente au gag (parfois vulgaire, souvent absurde, toujours crétin) SHM fait libellule, pardon, mouche au moins deux fois : via un sosie de Tom Cruise hi-la-rant en pleine crise scientologique et ce bon Leslie Nielsen, auteur de la plus belle percée, à base de pistolet à clous, du film — définitivement réservé aux fans de Stan Lee et Frank Drebin.
Henri Seard