Sur les pavés le rock | Back dans les bacs !
La scène rock marseillaise, c’est de la musique qui en a entre les oreilles. Au-delà des mélopées et des breuvages, rencontres, débats, fanzines…
Quoique blanches, nos nuits n’en sont pas moins éclairées. La porte d’entrée, c’est la musique, mais le sel des petites salles, ce sont les à-côtés. On ne parle pas que des breuvages ou des rencontres. Ni de ces moments qui disent tout le côté artisanal de ces concerts : dépanner d’une bière un musicien trop occupé à jongler avec ses instruments pour s’hydrater seul ; rendre la baguette qui avait échappé au batteur du groupe de surf The Wankats ou tomber sur une séance de pliage collectif du Vortex, petit agenda des concerts punk.
Ce que l’on veut souligner, c’est que la musique qui agite les nuits marseillaise en a entre les oreilles. Comme au Molotov où le groupe de hard-core Caged, une formation s’affichant clairement straight edge, a distribué, au-delà des CD et T-shirts, des brochures militantes, comme celle sur « Alcool et anarchisme ». L’idéal après la prestation bien arrosée des Sobers !
La musique souterraine ne fait pas que dans les décibels. Également salon de tatouage, le C4, l’antre des Dirteez, c’est aussi une librairie et un disquaire. À la Salle Gueule, il y a des débats, des lectures de BD.
Et à Data, c’est un retour aux sources puisqu’à la veille du 1er mai, ce temple des musiques expérimentales s’est à nouveau fait médiathèque. Alors que le coin « fanzines » est toujours en jachère, la petite équipe est encore en plein classement, à se demander s’il faut garder ce disque de chants tyroliens. Les mercredis et samedis — d’une manière plus ou moins aléatoire — on peut désormais, pour dix petits euros par an, emprunter jusqu’à six objets parmi les milliers de disques, CD et K7 qui dormaient dans les bacs sur lesquels on s’asseyait pendant les concerts. De la noise, de l’électro-acoustique, de la musique improvisée… Un trésor dans lequel on a fouillé une bière à la main et où on a trouvé de véritables pépites. Comme cet album noisy à souhait de La Chasse et de Cancer, une jolie compil’ baptisée Killing for Culture, une rareté made in Ventre de Biche ou une K7 d’Attic Ted, clown bruitiste et masqué qui vient de passer à l’Embobineuse. Parfait pour bercer nos rares nuits sans concert !
Sébastien Boistel
Data : 44 rue des bons enfants, Marseille, 6e.
À noter : le 10 juin, Data organise un concert de soutien (avec Tremble et le CCDM) au café-librairie Manifesten (59 rue Adolphe Thiers, 1er).
Rens. : datamediatheque.org