Synecdoche New York – (USA – 2h04) de Charlie Kaufman, avec Philip Seymour Hoffman, Michelle Williams…
Selon Charlie
Autant le dire tout de suite : Synecdoche New York est un échec total. Ce long tunnel d’ennui, véritable purge aux allures de boursouflure vaguement « arty », a au moins le mérite d’en finir avec l’imposture Charlie Kaufman. Scénariste, le bonhomme pouvait s’appuyer sur l’élégance rusée d’un Clooney (Confessions d’un homme dangereux) ou le bricolage ludique d’un Gondry (Eternal sunshine of the spotless mind) pour insuffler un peu d’âme à ses récits en forme d’architecture artificiellement gonflée. Désormais privé de garde-fous, son cinéma cache mal ce qu’il est : une coquille désespérément vide, l’œuvre d’un autiste désireux de ne s’adresser qu’à lui-même. Un plan, placé au cœur du film, résume assez bien le sentiment provoqué par cette pompeuse réflexion sur (en vrac) l’art, l’amour, les affres de la création, la mort et les abîmes de la représentation. Caden Cottard, dramaturge dépressif, (ré)explique à ses acteurs le sens de la pièce « bigger than life » qu’il est en train de réaliser. Un des participants démuni se lève et pose une question : « Quand est-ce qu’on fait venir un public ? » Evidemment, Cottard l’ignore et, ironie du sort, c’est à ce moment précis que la mise en abîme tant recherchée par le cinéaste fonctionne. Il est ce type qui se contrefout du public, persuadé de pondre un chef-d’œuvre quand son spectateur se demande bien pourquoi on lui impose un tel supplice. Tout Kaufman est là : cynisme rance, symbolisme falot et intellectualisme affecté. Un cinéma-bunker, dédié à l’expression exclusive de l’ego de son auteur. Au final, c’est peut-être le seul point positif du film : on n’a aucun remord à le fuir puisqu’il ne veut pas de nous.
Romain Carlioz