Tapage nocturne – Festival Elektro Circus
Elektro choc
Pour la cinquième année consécutive, le collectif Freesson anticipe la déferlante estivale avec son Elektro Circus, festival kaléidoscopique axé sur la culture et les musiques électroniques. Présentations.
C’était il y a huit ans, début des années 2000. Criminalisation de la techno, teknivals dans le JT de TF1, Sarkozy ministre de l’intérieur, le mouvement des free parties s’essouffle. Une bande de potes à capuches décide alors de se prendre en main pour continuer à propager la bonne parole, mais en se tournant vers des structures plus officielles. 2004 voit bientôt naître la première édition du festival Elektro Circus, grand cirque festif sous chapiteau : on imagine ce qu’il a fallu de ténacité, de ruse et de chance pour échapper à quatre années de doutes, de comptes déficitaires et de brouilles fratricides… Mais quatre autres années plus tard, la manifestation organisée par le collectif Freesson (84) continue de tracer sa route. Ce qui distingue d’abord Elektro Circus d’autres festivals du même type, c’est l’audace de sa programmation : il a su témoigner des bouleversements de la scène électronique, sans craindre de mélanger les genres ni d’imposer des choix à contre-courant de la tendance. On l’a ainsi vu programmer dans un même élan festif Crystal Distorsion, Kaly Live Dub, X Makeena ou encore Interlope. Cette année encore, l’éclectisme est de mise au rayon alternatif : abstract hip-hop joué live (l’excellente nouvelle formule de Fumuj), électro saturée façon Justice (Teenage Bad Girl), dub électronique puissant (High Tone), musique 8-bit (les Barcelonais de Meneo), breakbeat au féminin (Missil), dubstep (The bug)… Le tout étalé sur deux soirées sous chapiteaux, entre lives et vidéos, et sur un site dédié aux rencontres et aux expériences improbables : game-art, performances artistiques, stands multimédias, expérimentations numériques… Freesson a su fidéliser son public, mais plus encore, lui donner le goût de la découverte avec son « village elektronique », où l’on peut assister — gratuitement — pendant la journée, dans toute la ville et depuis le début de la semaine à des ateliers pratiques, des projections de documentaires, des master-classes et des expositions multimédias. A l’heure où l’on s’alarme du nivellement culturel par le bas et du formatage par la télé, il y a quelque chose d’extrêmement salutaire dans cette démarche. Alors bien sûr, il y a parfois de la casse. Mais ces ratés écrivent la jeune histoire d’un festival dont on n’a pas fini d’entendre parler.
Romain Lan
Festival Elektro Circus, les 2 et 3/05 à Carpentras (84). Rens. www.freesson.free.fr