Tapage Nocturne – In Flagranti
Bien des mélomanes sont d’accord sur ce point : New-York est un réceptacle à fantasmes. La ville de lumière, dont l’énergie intense continue d’attirer les plus téméraires des voyageurs, et alimente par là même… (lire la suite)
Bien des mélomanes sont d’accord sur ce point : New-York est un réceptacle à fantasmes. La ville de lumière, dont l’énergie intense continue d’attirer les plus téméraires des voyageurs, et alimente par là même son mythe à la tombée de la nuit, a engendré des babioles comme le punk ou la disco, après que Warhol eut lancé le Velvet au sein de sa Factory tentaculaire, avant qu’Eno ne définisse les contours de ce séminal champ d’exploration baptisé no-wave. Cette histoire, c’est un peu aussi celle d’In Flagranti, duo d’expatriés séduits par ce carrefour des possibles, où ils pourraient combiner leur goût prononcé pour l’art, le DIY et le nightclubbing. Quand Sasha Crnobrnja rencontre Alex Gloor en Suisse, il y a une quinzaine d’années, ce dernier vit déjà à New-York où il bosse en tant que graphiste (pour divers labels) et vidéaste. Parce qu’ils ont plus d’une affinité musicale en commun, Sasha ne tarde pas à le rejoindre, et tous deux montent en 1996 leur propre structure : Codek. Afin de sortir tout ce qu’ils veulent, établissant de fait un vrai contact avec la scène locale. Ce n’est pourtant qu’en 2002 qu’apparaît In Flagranti, projet commun tant musical que visuel : une synthèse de tout ce qui les passionne, marquée par une esthétique fin 70’s/début 80’s assez glamour. Alex, qui retourne bientôt vivre à Bâle, passe le plus clair de son temps à collecter des bribes d’images et de sons, qu’il envoie ensuite par fichiers informatiques à Sasha… et celui-ci se sert de cette matière première pour façonner leurs maxis, que l’on pourrait situer à la croisée de Giorgio Moroder et Liquid Liquid : clinquants, éduqués, imparables. Sorti à la rentrée dernière, leur album[1] compile ceux-ci et divers inédits à la façon d’une mixtape, clin d’œil appuyé aux cassettes de leur idole Daniele Baldelli, pape de cette « cosmic music » dont on a beaucoup parlé ces derniers mois… et dont le travail influence bon nombre des acteurs de la « scène » new-yorkaise, DFA en tête : « il ne s’agit pas à proprement parler d’une scène, même si nous nous connaissons tous, sortons dans les mêmes endroits et avons beaucoup d’influences en commun. Nous avons émergé indépendamment les uns des autres » confie Sasha, joint le week-end dernier par mail. C’est en tout cas au cœur de ce réel bouillonnement artistique qu’il a fait la connaissance de G.rizo, une musicienne et performer d’origine nigérianne, sorte de Grace Jones des temps modernes lui ayant souvent prêté sa voix, et que l’on retrouvera samedi soir pour un live en préambule. A elle seule, G.rizo symbolise toute l’énergie de la Grosse Pomme, « une énergie qui est toujours très présente même si beaucoup de choses ont changé ces dix dernières années : les loyers sont notamment devenus très chers, et les artistes ont souvent recours à des jobs d’appoint pour s’en sortir. » PLX
In Flagranti (dj-set) & G.rizo (live), le 10 au Cabaret Aléatoire, 22h. Rens. 04 95 04 95 04
www.codek.com/wronger.html
Merci à Laura 😉
Notes
[1] Wronger than anyone else