Tapage Nocturne – Meisterfackt
Justice a raison de votre équilibre mental, et vous n’avez que faire de ce pseudo revival French Touch. Les abus de techno minimale, psychorigide et souvent trop glacée pour être festive…
Justice a raison de votre équilibre mental, et vous n’avez que faire de ce pseudo revival French Touch. Les abus de techno minimale, psychorigide et souvent trop glacée pour être festive, ont fini par geler vos pieds. Vous espérez un peu de nouveauté ? Et du fun, pas seulement dans le ridicule vestimentaire du fluo ? Vous n’êtes pas les seuls : les deux Marseillais de Meisterfackt, venus du froid (Allemagne pour l’un, Lorraine avec détour par Berlin pour l’autre), semblent s’être eux aussi posé ces questions, et y ont répondu avec une pertinence très teutonne. Cela frappe dès la première écoute, addictive : pour eux, la musique est naturellement avant-gardiste. Comment la décrire ? « C’est une vraie boule à (multiples) facettes », comme ils se plaisent à dire, et la formule n’est pas usurpée. Hédoniste à souhait, elle va habilement chercher dans plusieurs courants (urbains), possède plusieurs « entrées », exploite diverses palettes d’émotions. De l’electro et la minimale, elle garde cette couleur froide ultra–synthétique, et une folle envie de divertir, de faire danser le freak qui sommeille en nous. Au rock, elle empreinte une énergie blanche et malsaine, une brutalité animale, quasi-punk. Du grime et du breakbeat ? Elle adopte les syncopes et la chaleur de basses gargantuesques. Du hip-hop ? Elle conserve le poids des maux, mais préfère le choc des images : des atmosphères au romantisme noirci par l’asphyxiante angoisse des grandes villes, plutôt que la lourdeur de textes revendicatifs. Et de Kylie Minogue… ils gardent quelques bribes de voix : avec Maria, leur chanteuse occasionnelle, on croirait parfois entendre la bombe australienne, si tant est que cette dernière se lâche vraiment au micro ou s’enregistre dans les backrooms d’une fête passablement cocaïnée. La pluralité de ces ingrédients, soigneusement appropriés, se voit servie par une recherche sonore perpétuelle, et ferait passer les très éclectiques Modeselektor pour des monomaniaques. Sur plusieurs morceaux, la comparaison avec le duo allemand est d’ailleurs flagrante : on en retrouve des éléments, une direction parfois commune. A quelques nuances prés : des moyens moins importants, et quelques surprenantes notes de mélancolie qui se cachent dans de rares morceaux calmes, laissant présager un vrai talent d’écriture. Mais surtout, l’impression qu’ils n’ont pas fini d’exploiter ce bouillonnant potentiel, pas assouvi leur désir d’expérimenter. Le label berlinois Kitty-Yo, qui a découvert Peaches et Gonzales, ne s’est donc pas trompé en les signant pour plusieurs maxis, dont le premier vient de sortir[1] avec une excellente relecture de Fred Berthet. Leur page my space, qui regorge de très bons remixes (ils sont friands de l’exercice) en atteste : il va désormais falloir compter sur eux, et leur futur hit qui parle d’élargissement de pénis… Vous vouliez du fun ?
JPDC
En dj-set le 18 au Boombox et le 19 au Hush Hush
www.myspace.com/meisterfackt
Notes
[1] Dans les bacs : Down on my ass Ep (Kitty-Yo)