Tapage nocturne – Warrior Queen
Si les musiques électroniques nous semblent aujourd’hui toujours aussi vivantes, c’est qu’elles ont su se nourrir des turbulences sonores qui agitent leurs périphéries. Le passage de l’underground à l’overground n’est pas toujours aisé, mais il semble que les pulsations rythmiques de Londres et de sa banlieue ont souvent eu tendance à s’exporter, avec succès. Le dernier-né des sous-genres musicaux urbains se nomme le dubstep, que l’on pourrait définir succinctement comme un enfant bâtard de la drum’n’bass et du dub jamaïcain, une sorte de grossesse non désirée — mais joyeusement célébrée — de la communauté dreadlockée du sud londonien. Warrior Queen semble suivre la même trajectoire que ces secousses d’infra-basses : une enfance à Kingston où elle se nourrit des galettes vendues par son oncle dans sa boutique et une arrivée à Londres en 2001 où la scène alternative bouillonnante (jungle et drum’n’bass moribonds, UK Garage naissant) ne tardera pas à l’adopter. Aujourd’hui, Warrior Queen représente certainement ce qui ce fait de mieux au micro sur les scènes d’obédience jamaïcaine : un flow tranchant, une énergie communicative, et aussi — et surtout — une attitude sexy sans être vulgaire. Pour preuves, ses maxis enregistrés avec The Bug ou Skream, qui risquent de réveiller nos fessiers endormis lorsque leurs vibrations atteindront la planète Mars, et son apparition sur une compilation du vénéré label Soul Jazz Records. Pour l’heure, Selecta Cab, toujours partant pour de nouvelles aventures, accueille pour la première fois en France Warrior Queen dans un Balthazar que l’on imagine déjà chaudement acquis à sa cause. Rassurez-vous, si le dubstep ne vous dit rien, la Queen londonienne se plait aussi à poser sa forte voix sur les syncopes ragga/dancehall auxquelles les sound-systems de la ville nous ont habitués depuis longtemps. God save the Queen…!
nas/im
Warrior Queen + Dj Cab (+ Dj Likhan + Papa Ours), le 8 au Balthazar, de 22h à 2h