Temps fort Palestine au Mucem
État d’urgences
En ce mois de mars, l’équipe du Mucem frappe très fort : avec la manifestation Temps fort Palestine, le public phocéen — et d’ailleurs — pourra découvrir un panorama magnifique d’une production cinématographique palestinienne rare et lumineuse, à même de bouleverser notre regard sur cet État.
Peu d’observateurs osent affirmer aujourd’hui que le conflit israélo-palestinien reste confiné dans une partie du monde : par son déroulement dramatique, au fil des décennies, par l’inertie de la communauté internationale, par la pression de la politique étrangère américaine, par les exactions israéliennes, ce pan de l’histoire de l’humanité qui se déroule sous nos yeux nous concerne aujourd’hui toutes et tous. Il est aussi un miroir dans lequel se reflètent toutes les injustices subies par les peuples. Or, la représentation que nous pouvons avoir de la Palestine, en tant qu’État, en tant que peuple, et tant que culture, reste pour beaucoup d’Européens (mais pas que) une image aux contours parfois flous, déformés par un prisme médiatique souvent partial. De nombreux films, photographies, poèmes, récits littéraires ont pourtant, depuis plus d’un siècle, été produits par les Palestiniens eux-mêmes, ou d’autres artistes internationaux, créant un corpus à même de nous offrir une juste représentation de ce territoire. Corpus que nous offre à voir aujourd’hui le Mucem lors d’une manifestation d’envergure, particulièrement magnifique, Temps fort Palestine : territoire, mémoire, projections. La part de l’image en mouvement est conséquente au sein de cette proposition, à l’instar des films des frères Lumière tournés en Palestine, qui précèderont la séance de Off frame de Mohanad Yaqubi, que viendront présenter le réalisateur et Jean-Pierre Rehm, du FID. Une autre rencontre vaut indéniablement le détour, celle des retrouvailles entre Jean-Luc Godard et Elias Sanbar, historien, poète et essayiste, qui ont tous deux collaboré autour de la question palestinienne. Parmi les très nombreux films proposés lors de cet impressionnant cycle, citons entre autres Jaffa, la mécanique de l’orange d’Eyal Sivan, The Shooter d’Ihab Jadallah, Les Infiltrés de Khaled Jarrar, Ford Transit de Hany Abu-Assad, Rond-point Chatila de Maher Abi Samra ou Dans un jardin je suis entré d’Avi Mograbi. Soit une proposition kaléidoscopique, qui embrasse de nombreux sujets, à même d’aiguiser notre regard. La parole sera aussi donnée aux nombreux collectifs palestiniens qui se sont emparés du cinéma ou de la vidéo comme sphère idéale où le monde pouvait encore se refléter, tel que le PFU, Palestine Film Unit, ou le collectif CAMP. Impossible d’évoquer dans ces colonnes l’entièreté de cette programmation passionnante, dont Marseille peut s’enorgueillir : la seule issue reste de tous s’y rendre, et de goûter l’intelligence et la pertinence de l’initiative !
Emmanuel Vigne
Temps fort Palestine : du 9 au 19/03 au Mucem (7 promenade Robert Laffont, 2e).
Rens. : 04 84 35 13 13 / www.mucem.org
Le programme complet du Temps fort Palestine ici