Le travail dont il est question — et qui pose justement question tant il est mal fait et pas du tout accompli —, c’est policier. Policier ? C’est du moins ce qu’affirme l’insigne de Mike McNeil, flic new-yorkais…
Le travail dont il est question — et qui pose justement question tant il est mal fait et pas du tout accompli —, c’est policier. Policier ? C’est du moins ce qu’affirme l’insigne de Mike McNeil, flic new-yorkais, qui passe ses journées à recadrer ses collègues, à draguer la veuve, ignorer l’orphelin et tromper sa femme comme il respire. Or, McNeil n’a jamais aimé retenir sa respiration — au point qu’il n’a pas toujours du temps à consacrer à sa maîtresse « officielle ». D’ailleurs, pour oublier son quotidien dissolu, McNeil n’aime rien tant que s’offrir une petite parenthèse à base de psychotropes. De celle qui vous scotche, « stoned », au siège de votre voiture, cependant qu’un braquage se joue sous vos yeux. Vous l’aurez compris, dans The Job, « l’enquête » reste au second plan, la série préférant se concentrer sur la geste pathétique et drôle de McNeil — incarné par le grand Denis Leary, inconnu en France, sauf des fans de Tom DiCillo et de la belle série post-11/09 Rescue me. Hâbleur, menteur, couard, queutard, stressé, accro à tout ce qu’il absorbe, cet anti-héros possède tous les défauts de la terre, mais se refuse à porter toute la misère du monde sur ses épaules, qui glisse sur lui comme tous les reproches que lui font les rares personnes qui tentent d’établir un contact sensé avec l’énergumène. Lâchée en 2002 par ABC, après une seule et jubilatoire saison, The Job, par sa « trasherie » assumée et son absurdité revendiquée, était le chaînon manquant entre Police Squad et Hill Street Blues, la grande classe, quoi.
Henri Seard