Recette pour obtenir une série un tantinet militante : choisissez une minorité mais prenez bien soin d’entrée de jeu de ne pas insister sur ce fait, faites-la évoluer dans des circuits scénaristiques universels et vous obtiendrez une série qui sensibilise sans stigmatiser. De l’éducation civique et humaine… (lire la suite)
Recette pour obtenir une série un tantinet militante : choisissez une minorité mais prenez bien soin d’entrée de jeu de ne pas insister sur ce fait, faites-la évoluer dans des circuits scénaristiques universels et vous obtiendrez une série qui sensibilise sans stigmatiser. De l’éducation civique et humaine sans culpabilisation. Sûre, efficace et confortable : Cosby Show et The L Word, même combat… The L Word donc, ou l’équivalent féminin de Queer as Folk, une série dont les héroïnes sont homosexuelles. Mais voyeurs de tous bords, passez votre chemin, malheureusement pour vous pas de trace ici de poncifs lesbiens filmés avec misogynie et peu d’érotisme chic et torride. Et oui, rien ne ressemble plus à la vie d’un couple hétéro d’une banlieue paisible de Los Angeles que la vie d’un couple homo de la même paisible banlieue…
L’histoire est celle d’une jeune écrivain (Mia Kirschner, à la présence fascinante, en angélique femme fatale qui s’ignore) venue rejoindre son petit ami installé à L.A. Dans la piscine voisine, elle surprend les ébats de deux femmes et se rend compte que le voisinage est en majorité homosexuel. D’abord « professionnellement intriguée », elle va progressivement… Vous devinez la suite. The L Word mélange plusieurs recettes assez convenues et s’en sort pourtant avec pas mal d’élégance et de subtilité. Les codes sont ceux du soap ou du feuilleton, mais, depuis Six Feet Under ou Desperate Housewives, on sait que ce n’est pas forcément mauvais signe. Marivaudages et thématiques plus graves se mêlent sur fond de musique branchée. La réalisation impeccablement soignée s’appuie sur un cast assez surprenant et très réussi : Jennifer Beals (souvenez-vous, Flashdance) et Pam Grier (Foxie Brown et Jackie Brown) entre autres. Résultat : les aventures sentimentales et les déboires existentiels de ces personnages rendent vite accro et sortent du placard racoleur et cliché dans lequel on l’avait cantonné le personnage de la femme qui aime les femmes.
Flore Cosquer