Dans la fabrique de papier de Slough — à prononcer façon petits pains suédois —, où les employés dépressifs courent après la dernière capsule de café quand ils se ne disputent pas du côté de la photocopieuse, l’annonce de plusieurs licenciements économiques fait l’effet d’une bombe (à eau). Les employés, tous issus de milieux modestes et qui ne perdraient pour rien au monde le « job de leur vie », vont devoir apprendre à vivre avec cette angoissante réalité et surtout leur (crétin en) chef, David Brent — plus con tu meurs ! Car Brent a le chic pour dédramatiser la situation, remobiliser ses troupes dans le couloir de la mort : jouer au con toute la sainte journée. Ainsi, il ne rate jamais une occasion de lancer une boutade (et de se taire) en précisant à secrétaire qu’elle « perdra son gros derche en cas de réduction d’effectif » ou de se lancer dans une danse endiablée pour divertir ses troupes ; sa devise étant « Soyons proches de vos employés, ils vous le rendront ». Si en théorie l’idée est joyeuse, la pratique laisse vraiment à désirer, comme lorsque Brent fait croire à sa blonde et pulpeuse réceptionniste qu’elle est virée pour usage abusif de Post-it. Vous l’aurez compris, The Office prend un malin plaisir à exploser au bazooka les us et coutumes de l’entreprise anglaise. Satire orchestrée par le redoutable Ricky Gervais et trempant dans un degré encore inconnu, la série a défrayé la chronique de l’autre côté de la Manche avant de conquérir les USA, où une adaptation, avec Steve Carell, a été lancée avec succès. Quant à la version française, elle ne vaut que pour le cabotinage de François Berléand. Toujours préférer l’original à la copie.
HS