The Pleasure of Being Robbed – (USA – 1h10) de et avec Joshua Safdie, avec Eleonore Hendricks, Wayne Chin…
Heureux qui comme Joshua…
Joshua Safdie est un homme heureux. Suite à sa rencontre avec Eleonore Hendriks, ils décident de co-écrire un film qui remonte le temps du cinéma new-yorkais pour le plus grand plaisir des yeux. The pleasure of being robbed, c’est l’histoire d’une jeune femme qui ne peut s’empêcher de fouiller dans le sac des autres, au risque de se faire prendre. A chaque vol, elle prend le temps de profiter pleinement de ses découvertes (une tripotée de chats) et du confort qu’elle s’octroie (un Volvo break). Par la légèreté de la caméra, on suit ce qui l’anime et la motive dans un quotidien détaillé, où chaque geste est retranscrit. Le spectaculaire et le climax disparaissent au profit de l’introspection et de l’identification à cette femme qui avance avec les moyens du bord. Sa tendresse repose dans sa sincérité et son insouciance face à l’inéluctable, parce qu’il faudra bien que ça s’arrête. Joshua Safdie est un homme heureux : en trouvant un mécène dans sa propre famille, il s’est donné le temps de construire un film qui n’appartient à nul autre. Il tente ce que Jim Jarmush a merveilleusement réalisé, avant lui, avec Stranger than paradise : l’errance sans autre but que de tuer le temps pour mieux échapper à la dureté de la vie. En collant à une personne et une seule, l’identification devient évidente et l’on est, par la même, prêt à accepter beaucoup de choses y compris la vie des autres, celle qu’on n’a jamais vraiment souhaitée, mais qui nous plaît tellement.
Karim Grandi-Baupain