The Shield ou la naissance d’un corps magnétique : celui de Michael Chiklis. Dans les années 90, cet acteur joue un flic débonnaire dans une série familiale et mollassonne : L’as de la Crime. Il est alors un corps…
The Shield ou la naissance d’un corps magnétique : celui de Michael Chiklis. Dans les années 90, cet acteur joue un flic débonnaire dans une série familiale et mollassonne : L’as de la Crime. Il est alors un corps replet, toujours paré d’une cravate et arborant la calvitie rassurante du père de famille lambda. Les années passent, les séries changent, les héros unidimensionnels ne font plus vraiment recette et les directeurs de casting ont toute latitude pour dénicher la « sensation surprise » en matière d’acteur. C’est dans ce climat que Michael Chiklis se réincarne en un corps implacable : Vic Mackey, flic ripou aux exploits borderline dans un quartier très chaud de L.A. Crâne rasé, musculature épaisse et noueuse, regard fixe et fourbe, ce représentant de la loi et de l’ordre inquiète dès ses premières secondes à l’image. Sa façon de se mouvoir, dangereusement imprévisible et virile, aimante le cadre. Peut-être plus encore que James Gandolfini dans Les Soprano, son corps et ses expressions créent véritablement l’ambiguïté du personnage tant ils deviennent les subtils miroirs de sa morale on ne peut plus douteuse et personnelle. Même les évènements extérieurs semblent soudain soumis à ses seuls mouvements dans l’espace. Portée par une énergie sombre et ravageuse, des acteurs impeccables et des ambiances violentes où la moindre note d’espoir se savoure le cœur battant, The Shield hante durablement l’esprit et ce, malgré quelques sporadiques invraisemblances et un léger côté tape-à-l’œil.
Flore Cosquer