This is England – (G-B – 1h37) de Shane Meadows avec Thomas Turgoose, Stephen Graham…

Un film sur le mouvement skinhead possédait a priori toutes les raisons de nous intéresser car il est plutôt rare que le cinéma de fiction évoque une sous-culture aussi marginale, radicale et détestée….

Maboul à zéro

Un film sur le mouvement skinhead possédait a priori toutes les raisons de nous intéresser car il est plutôt rare que le cinéma de fiction évoque une sous-culture aussi marginale, radicale et détestée. Les premières images plantent le décor d’une Angleterre morose au début des 80’s : Thatcher est au pouvoir, la guerre des Malouines flirte avec l’absurde, les mères de famille suivent des cours d’aérobic à la télé et les gamins s’éclatent sur les premiers jeux vidéos… Beaucoup de spectateurs de notre génération retrouveront là quelques éléments marquants de leur pré-adolescence boutonneuse. Volonté d’inscrire son histoire dans un contexte socio-politique ou tentative de séduction facile d’un public qui pourrait aisément s’identifier au jeune héros ? Nous avons un peu de mal à cerner les ambitions du réalisateur anglais et peut-être que lui-même ne sait pas trop quelle direction prendre. Passage obligatoire tout de même : tracer le portrait d’une jeunesse britannique gravement paumée, retrouvant dans la bande l’amour absent du foyer, unie par sa volonté de choquer et un amour sincère des musiques jamaïcaines. Ces passages demeurent parmi les plus réussis, le ton est léger et on se laisse entraîner bien volontiers dans les aventures de cette bande un peu crétine mais fort sympathique. Là où ça se gâte, c’est lorsque la dimension politique fait son apparition dans le film à travers le personnage de Combo qui éclipse soudain tous les autres. Même si le film n’avait pas forcément fait jusque-là dans la dentelle, il s’enfonce tout à coup dans une sorte de médiocrité boueuse dont il ne sortira plus : manque de rythme, dialogues clichés, jeu approximatif et surtout explication psychologique de rigueur lourdement mise en lumière comme une vulgaire excuse. Au final, on ne sait quoi penser de This is England : même si sa vision n’est pas désagréable, il n’est pas sûr qu’il vous laisse un souvenir impérieux.

nas/im