Tout va bien, The Kids Are All Right (USA – 1h44) de Lisa Cholodenko avec Annette Bening, Julianne Moore, Mark Ruffalo…
La barbe à maman
A la fin des années 90, Lisa Cholodenko gagnait quelques galons de notoriété avec High Art, un film polisson lesbien pourtant loin d’être inoubliable. Puis silence radio jusqu’à Tout va bien (The Kids Are Allright). Avec ce nouveau long-métrage, elle revient bien entendu sur l’homosexualité, son sujet de prédilection. Mais là, Cholodenko s’oublie littéralement. Certes, avec le pitch de départ — deux enfants (Joni et Lazer) nés de deux femmes « mariées » (Nic et Jules) veulent retrouver leur père biologique jadis donneur de sperme —, on ne pouvait pas s’attendre à 2001, Odyssée de l’espace. Mais de là à avoir droit à une mauvaise plaisanterie, il y a un pas qui est malheureusement franchi… Ici, exit l’aspect un peu rugueux souvent accolé aux films indépendants, exit le côté un peu « fait maison » de High Art. On s’oriente en fait vers une autre tendance : la disgrâce absolue, celles d’images ridiculement consensuelles, celle d’une grosse guimauve de mauvais goût, d’un téléfilm du samedi soir. Mais ce n’est pas tout, ce serait trop simple. Il faut ajouter à cette « farce » des répliques d’une nullité affligeante, des personnages upper middle class si stéréotypés que cela en devient gênant, des situations débilissimes, des rebondissements grotesques et une direction d’actrices (et d’acteurs) inexistante… D’ailleurs, même Julianne Moore (Short Cuts, The Big Lebowski, Magnolia…) a l’air pendant ces deux longues heures navrantes de se demander ce qu’elle fait là, confirmant ainsi au passage le sentiment éprouvé par le spectateur. A la différence près qu’elle a été payée…
Lionel Vicari