Toute l’histoire de mes échecs sexuels – Documentaire (GB – 1h33) de et avec Chris Waitt
Ex, mensonges et vidéo
Nouveau venu dans le paysage pas toujours passionnant du « docu-happening », Chris Waitt, dégaine de poussin mal réveillé et fringues d’ado attardé, réussit pourtant là où la quasi-totalité de ses coreligionnaires (de l’irritant Michael Moore au pas très classe Morgan Spurlock) avait fini par nous lasser à force d’asséner avec une grâce d’éléphant des vérités premières qui sont l’ennemi d’un bon documentaire. Parfait apéro pré-cannois, Toute l’Histoire de (s)es échecs sexuels (pour les miens, faudra repasser) est un film modeste dans ses enjeux, mais franchement hilarant, qui trouve dans son approche très radicale du genre une justesse de ton et une fraîcheur faisant plaisir à voir. Au départ, ce n’était pourtant pas gagné : sorte de Super size me du romantisme (Chris va taper à la porte de ses ex afin de comprendre pourquoi elles le larguent), le film semble emprunter des sentiers déjà bien balisés et on se dit que tout l’attirail déployé par le blondinet ne sert finalement qu’à produire une ode égotiste à sa gloire de nerd. Or, l’atour majeur de Waitt, c’est la sincérité avec laquelle il aborde son entreprise, là où Moore nous abreuve d’un cynisme triomphant. Il y croit mordicus à son projet, Chris, et se vautre dans un masochisme jouissif, passant par les pires humiliations avec une autodérision à toute épreuve et un humour dévastateur (mention spéciale à une séance SM douloureusement drôle). Débarrassé de tout appareil idéologique, le docu-guérilla prend alors une profondeur inattendue et, grâce à un montage qui joue habilement avec les limites de la fiction, nous montre sans en avoir l’air la douleur réelle du processus de deuil amoureux. Et si la chair est triste, hélas, l’apparente futilité de Chris s’avère bel et bien salutaire.
CR