Transfert – Psychanalyse et cinéma au TNM La Criée
L’inconscient collectif
Hors de ses frontières, La Criée continue son exploration dans le champ cinématographique et propose une journée sur le thème des rapports entre psychanalyse et cinéma, avec la projection de trois œuvres majeures.
Il était logique que deux sciences nées à peu près au même moment trouvent dans leur existence, particulièrement tout au long du XXe siècle, de nombreux points de convergence. Le cinéma et la psychanalyse, ces deux jumeaux séparés à la naissance, témoignent sur de nombreux points d’une historiographie commune : il suffit de se référer au travail du freudien docteur Paul Ramain, dans ses nombreux articles sur la psycho-physiologie de l’art cinématique, pour s’en persuader. Le sujet mériterait un festival à lui tout seul, et Alfred Hitchcock, grand passionné de psychanalyse, y dévorerait une grande part de programmation. Du docteur Edwardes à Marnie, ses personnages se retrouvent souvent, de près ou de loin, confrontés à diverses formes de thérapies. La Criée nous propose ainsi de décliner le thème le temps d’une journée, en axant sa sélection sur les théories freudiennes, sous la houlette d’Andreas Mayer, chercheur spécialisé sur l’histoire des sciences humaines, et plus particulièrement sur la naissance de la psychanalyse. Ce brillant scientifique viendra enrichir lors d’un débat les projections du sublime — et trop rare — Les Mystères d’une âme, de Georg Wilhelm Pabst, le réalisateur de Loulou. Ce fut l’un des premiers longs-métrages à s’intéresser de si près aux théories freudiennes sur l’inconscient, Pabst ayant laissé participer à l’écriture du scénario deux pionniers de l’analyse, les docteurs Karl Abraham et Hanns Sachs. Deux films à (re)découvrir absolument prolongeront la soirée : l’inédit Young Dr Freud d’Axel Corti, que l’on a découvert récemment lors de la réédition en salle de la sublime trilogie Welcome in Vienna, et un classique de John Huston : Freud, passions secrètes.
Emmanuel Vigne