<em>Tue-moi </em> (Allemagne/France/Suisse – 1h31) d’Emily Atef avec Maria-Victoria Dragus, Roeland Wiesnekker…

La vie aux trousses

Ah ! la vie à la campagne… Ce n’est pas tous les jours La Petite Maison dans la prairie. Adèle est fille unique dans une famille d’éleveurs de bétail au cœur de la Bavière. Dans une atmosphère pesante, entre des parents sévères et lugubres sur lesquels semble peser une douleur sourde, cette anti-Laura Ingalls n’a qu’une seule idée en tête : mettre fin à sa triste existence. Sans parvenir à sauter le pas. C’est dans cette ambiance de fête que débarque Timo, meurtrier évadé de prison, un ogre frustre à l’instinct de survie animal qui tente de se cacher dans la ferme. Quand elle le trouve, Adèle choisit de l’aider à une seule condition : qu’il accepte, une fois en sécurité, de la tuer. Commence alors une longue cavale à pied à travers l’Allemagne puis la France devant aboutir dans la cité phocéenne. Un road movie pédestre au cœur d’une nature hostile où ces deux être minéraux, accablés par la vie, apprennent à tisser une relation unique. Une tendresse subtile s’installe entre eux, un lien quasi paternel, pauvre en mots mais riche en gestes, en regards témoignant de leur progressif retour à la vie. Maria Dragus (Adèle) et Roeland Wessnekker (Timo) subliment cette rencontre par une retenue révélant à la fois l’impossibilité des personnages à exprimer leurs sentiments et la fragilité qui les anime. Pourtant, malgré une musique savamment distillée et des décors naturels de toute beauté entre la forêt bavaroise et les calanques provençales, le scénario aux reflets de conte peine à emporter le spectateur. La prévisibilité du film d’Emily Atef, sa rusticité visuelle comme rythmique et son manque de légèreté rendent parfois le propos un tantinet ennuyeux.

Daniel Ouannou

Sortie le 25 avril ! Avant-première le 18 au Variétés en présence de la réalisatrice.