Un baiser s’il vous plaît – (France – 1h40) de et avec Emmanuel Mouret, avec Virginie Ledoyen, Julie Gayet, Frédérique Bel…
Jeu t’aime, moi non plus
Avec ce cinquième film, Emmanuel Mouret assume décidément son goût pour la « comédie légère », comme il aime les appeler. Le sujet s’inscrit dans la logique des précédentes pellicules du réalisateur marseillais : les hommes et les femmes. Qui se cherchent, se désirent, se séparent. Partant du postulat de base, un triangle amoureux, femme-amant-mari, Mouret explore à sa manière les rituels du désir en posant la question : un baiser peut-il être sans conséquences ? Il y incarne le meilleur ami de Virginie Ledoyen, une jeune femme rangée. En collier de perles et chemisier boutonné jusqu’au cou, elle lampe du vin rouge avec lui en refaisant le monde gentiment, quand ils ne font pas du jogging. Trottinant ou buvant de concert, leur intimité satisfait tout le monde, jusqu’au jour où Mouret, esseulé, quémande plus. Sa maladresse, tout en œil rond et gaucherie empruntée en veste de tweed, cache mal le désir de palper le mohair de sa meilleure amie. Leur liaison est racontée en voix off, par une jeune femme (Julie Gayet), mariée elle aussi et en voyage d’affaires, à qui un bel inconnu d’un soir demande un baiser. Va-t-elle céder ? Dans une lente mise en abyme, on attend l’action dans des décors qui ressemblent à des appartements témoins, lisses et rangés. De cette bluette sympathique mais pas impérissable, on retiendra surtout une Frédérique Bel décalée et plus blonde que jamais, en hôtesse de l’air maladroite et touchante. Frais et léger pour certains, soporifique pour d’autres : à tenter pour vérifier que l’on aime toujours (ou pas) les dragées couleur pastel.
Bénédicte Jouve