Un Autre Air
Parcours du pied battant
Forts de ces longs mois de confinement, l’équipe composée de Bi :Pole et du Le Cabaret Aléatoire nous propose le 28 et 29 juillet une nouvelle manière de penser les musiques électroniques. Quatre groupes, quatre lieux pour une même expérience, Un Autre Air vous emmène dans les méandres de la Friche, sous la houlette de l’incontestée Jennifer Cardini. Un beau programme.
La musique électronique actuelle a souvent été l’écrin d’une réflexion sur les pratiques sociales de la fête nocturne. Depuis une vingtaine d’années, nombreuses sont les études et enquêtes analysant le mécanisme de ses rapports sociaux. Dans la pratique, et notamment dans la région, l’univers musical se mélange à un univers artistique voire à des activités ludiques. Le choix de créer une édition de L’Elrow Festival à l’Aquacity de Plan-de-Campagne en 2017, ou bien au pied du Mont Ventoux et ses sites d’accrobranche dans le cas du Festival Lago Paraíso, en sont un bon exemple. À la récréation que sous-tend ce type de musique, s’ajoute une dimension de « re-création »; Il s’agit de faire du concert une véritable expérience. Alors, comment repenser notre manière d’écouter et de vivre la musique, de l’appréhender ensemble en ce contexte sanitaire ? Inspirés du discours de Jean-Yves Leloup, commissaire de l’exposition Electro de la Philarmonie de Paris en 2019, c’est à tâtons que s’est écrit le projet du festival Un Autre Air. Représenté par le festival Le Bon Air, dont la version digitale a dépassé les quinze mille streams, il s’agissait d’effectuer en douceur un retour vers le présentiel.
D’où le choix d’un format singulier ! Chaque jour, quatre groupes d’une jauge de cent vingt participants chacun participeront en décalé à une expérience sonore de cinq heures et demi dans quatre lieux différents de la Friche. Des « aiguilleurs », à la fois médiateurs et performers de l’association Ornic’Art, seront chargés de faire le lien entre ces lieux méconnus de la Friche, mais aussi de créer un véritable espace d’échange avec le public. L’aspect déambulatoire du projet devient alors une proposition artistique, incarnée par la programmation sélectionnée par Jennifer Cardini, artiste partenaire de l’événement et à qui carte blanche est donnée. Elle nous présentera les titres de son dernier double-album Intermezzo ( Uno et Due ), ainsi que le talent des artistes de son label Dischi Autunno, avec Curses, Ttristana ou encore Abstraxion. Une véritable expérience progressive et immersive, sublimée par une scénographie qui fait la part belle aux booths centraux, mais aussi aux performances dansées de Liam Warren, connu pour ses interventions remarquées au Ballet Prejlocaj. Il a a récemment créé sa compagnie, Rift, dont la recherche s’articule autour du corps humain et de la capacité de celui-ci à s’adapter ou réagir face à certaines contraintes.
À noter également, la volonté des organisateurs d’être dans une démarche d’inclusion et de bienveillance. En effet, Un Autre Air promeut un line-up paritaire, qu’il s’agisse de son organisation interne ou de son équipe artistique, et travaille depuis des années en étroite collaboration avec les associations issues de la communauté LGBTQIA+ pour tout ce qui procède de sa communication. Dans sa charte, le festival « condamne tout acte discriminatoire de quelque nature qu’il soit, ainsi que la violence, la haine et l’irrespect sous toutes ses formes ». Pour l’aspect environnemental, la gestion du sound system sera confiée à l’entreprise montante de la sonorisation solaire cent pour cent autonome de Pikip Solar System, dont on a pu apprécier l’acoustique lors d’événements organisés par la Réserve des Arts. Un instant d’intimité que l’on conseille à tous les militants de la découverte.
Laura Legeay