Une petite histoire du cinéma fantastique à l’Institut de l’Image
Salles obscures
L’Institut de l’Image consacre un cycle jouissif aux plus belles pages du cinéma fantastique, développant les mécanismes d’un genre majeur.
Le genre fantastique, l’un des plus diablement prolifiques dans l’histoire du cinéma, a offert, en plus d’un siècle, une source intarissable d’inspirations diverses, d’œuvres exceptionnelles, aux frontières multiples. L’année de la première projection des frères Lumière, en 1895, sort l’un des plus fascinants récits vampiriques, le Lilith de George Mac Donald, imprimant d’une certaine manière les premiers pas de l’image animée du sceau de l’étrange, cet espace intermédiaire où les morts parlent aux vivants — et vice-versa —, où les mécaniques du surréel perpétuent la construction de leurs propres mythes. De Kubrick à De Palma, tous les plus grands cinéastes se sont emparés du genre, en ont détourné les codes, ont puisé dans la représentation fantasmagorique populaire, construisant une véritable psyché de la condition humaine. D’autres ont bâti sur le cinéma fantastique les fondations d’une œuvre grandiose, à l’instar de Jacques Tourneur, Mario Bava ou Dario Argento. Les ouvrages de référence sur le sujet sont pléthore, mais citons le tout récent 100 ans et plus de cinéma fantastique et de science-fiction, de Jean-Pierre Andrevon, chez l’excellent éditeur Rouge profond, particulièrement aguerri au cinéma de genre. Ce dernier sort dans la foulée le premier volume de l’intégrale de la mythique revue Midi-minuit fantastique (dont votre serviteur possède jalousement quelques dizaines d’exemplaires !), imprégnée entre autres d’un esprit gothique cher à la Hammer. Rouge Profond sera ainsi l’invité de marque de l’excellent cycle que l’Institut de l’Image consacre ce mois-ci au cinéma fantastique, aux côtés de la revue Torso. Tout au long d’une quinzaine d’œuvres incontournables, du Suspiria d’Argento à La Baie sanglante de Bava, en passant par Le Cauchemar de Dracula de Fisher ou le Vaudou de Tourneur, les aficionados du genre (re)découvriront sur grand écran, parfois en copie numérique restaurée, les plus terrifiantes pages de la représentation contemporaine du conte.
Emmanuel Vigne