VOLVER - (Espagne - 2h01) de Pedro Almodovar avec Penélope Cruz, Carmen Maura...

VOLVER – (Espagne – 2h01) de Pedro Almodovar avec Penélope Cruz, Carmen Maura…

Avec Almodovar, les films se succèdent mais les obsessions demeurent. On lui avait reproché lors de son précédent film, La mauvaise éducation, de délaisser son sujet de prédilection — la femme —… (lire la suite)

Tout sur mammaire

Avec Almodovar, les films se succèdent mais les obsessions demeurent. On lui avait reproché lors de son précédent film, La mauvaise éducation, de délaisser son sujet de prédilection — la femme — pour nous conter une histoire d’homme. Il répond ici par un film où l’homme semble exclu, presque uniquement cantonné dans son rôle de fainéant incestueux et alcoolique. Volver (« revenir » en français) marque donc le retour d’Almodovar à son obsession première, ainsi que ses retrouvailles avec deux de ses actrices fétiches : Penélope Cruz et Carmen Maura. Les femmes, et leurs secrets, voilà ce qui intéresse le réalisateur espagnol, entêté à creuser presque sans répit ce sillon familial et tortueux. Raimunda (Penélope Cruz, de tous les plans, poitrine en avant), ménagère de la banlieue de Madrid vit avec sa jeune fille et son mari. Sa vie semble réglée, de petits boulots en débrouilles domestiques, rythmée par ses visites dans son village natal où reposent ses parents décédés, une tante vieillissante et une voisine altruiste. Un fait divers et le film commence vraiment. Encore une histoire de famille, d’adultère, de deuil et d’inceste. Ce crime, aussi peu réaliste qu’impromptu, ne fait que révéler d’autres crimes, plus anciens, et on assiste alors à un incessant aller-retour entre le passé et le présent, le réel et le fantastique, l’humour et le tragique. Rien d’étonnant jusque-là pour ceux dont l’univers coloré du narrateur espagnol est familier. Mais Almodovar semble aller encore plus loin dans ses excès lorsqu’il convoque le fantôme de celle que l’on croyait morte qui nous revient en shampouineuse russe et pétomane. Une telle singularité ne serait pas choquante si les passages intermédiaires d’un mode de narration à un autre n’étaient défaillants, comme si le réalisateur avait oublié certaines articulations et transitions nécessaires à notre complète immersion dans le récit. Outre la musique, aussi insipide qu’inutile (elle ne fait que renforcer l’émotion suscitée par l’image), on peut aussi reprocher à Almodovar de toujours vouloir raconter une histoire entière, complète, où la fin éclairerait le film dans son ensemble. C’était déjà le cas pour Parle avec elle et Tout sur ma mère, ça l’est aussi pour Volver qui souffre également d’une surcharge narrative. A ce rythme-là, Almodovar risque de devenir rapidement un artisan du cinéma, sûr de son savoir-faire, mais dont il ne faudra pas trop attendre de surprises. Il a mis presque vingt à faire des films qui dépassent le divertissement fun, mettra-t-il encore autant de temps à faire des films intelligents ?

nas/im