Allemagne réunifiée

En parallèle à l’exposition Harun Farocki – Empathie actuellement à la Friche, le Gyptis propose un week-end de projections et de rencontres, en partenariat avec le Goethe Institut, autour de ces deux artistes majeurs du cinéma allemand, Harun Farocki et Christian Petzold.

Incontestablement, le Gyptis, porté par l’éminent travail de programmation de Juliette Grimont, est parvenu à construire au fil des ans une identité unique dans l’univers souvent peu imaginatif de l’exploitation hexagonale. En gagnant ce périlleux pari funambulesque de l’exigence cinéphilique et de l’ouverture à toutes les cinématographies, la salle phocéenne s’est hissée parmi les plus novatrices du territoire, développant une dynamique propre à réinventer, chemin aujourd’hui vital, le geste même de montrer un cinéma qui nous confronte à l’exposition d’un monde. Dont acte, derechef, avec le passionnant week-end qui fera résonner les œuvres de deux cinéastes allemands de premier plan, Harun Farocki et Christian Petzold. Les samedi 27 et dimanche 28 janvier, ce sera un festival de films rares et puissants, dans leurs langages, que tout cinéphile curieux aura l’occasion de découvrir. Harun Farocki a construit, dès les années soixante, une œuvre radicale où s’étire la propre représentation de l’image : une mise en abime propre, pour reprendre les propos du cinéaste, à « aller à la recherche d’un sens enseveli, de déblayer les décombres qui obstruent les images. » Et Harun Farocki de rajouter : « Il faut être aussi méfiant envers les images qu’envers les mots. » Au-delà d’une approche sémiologique et iconique de l’image contemporaine, ses opus font preuve d’une intelligence rare, et d’un sens aigu de la poétique (politique ?) de l’image. L’angle de vue du Gyptis restant sur la thématique du travail, c’est une poignée de films courts (Georg K. Glazer – écrivain et forgeron, Le Goût de la vie et les films à destination du jeune public tournés par Farocki) qui ouvriront le bal en première partie de journée, pour finir par le très beau In comparison de 2009. Le lendemain, dimanche 28 janvier, l’occasion nous sera donnée de (re)découvrir deux films de Christian Petzold – Barbara et Yella –, élève et collaborateur d’Harun Farocki, et qui, depuis, s’est imposé comme l’un des fers de lance de la nouvelle vague du cinéma allemand. Sa présence lors de cet événement au cinéma de la Belle de Mai hissera ce week-end parmi les plus incontournables de ce début d’année.

Emmanuel Vigne

Week-end Harun Farocki / Christian Petzold, dans le cadre du cycle « Du travail » : les 27 & 28/01 au Cinéma le Gyptis (136 rue Loubon, 3^e). Rens.: 04 95 04 96 25 / www.lafriche.org